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15/12/2007

Bob Morane...et Henri Vernes vivent encore !

Bob Morane

 

 

Henri Vernes

 

 

Editions Le Lombard

 

 

 

Henri Vernes (rien à voir avec Jules), qui a dépassé les 80 ans, a eu droit récemment à la pleine dernière page de Libération.

 

J'ai alors réalisé que l'aîné de mes petits enfants a maintenant l'âge que j'avais quand je lisais, au début des années 60,  les aventures du "commandant" Bob Morane, éditées par Marabout, en petit format, sur un papier de qualité médiocre.

 

Auteur prolixe et imaginatif, Henri Vernes a aujourd'hui 200 romans d'aventures de Bob Morane à son actif. Une soixantaine a été adaptée, sous la responsabilité directe de l'auteur, en Bandes dessinées, par Coria, dont le trait est précis et les couleurs irréprochables, dans la grande tradition de la BD belge,  et éditée, en grand format, avec du papier et une reliure de qualité,  par Le Lombard.

 

L'époque étant à la nostalgie, j'ai profité des fêtes de fin d'année pour y jeter un œil, avant que l'album ne se retrouve au pied du sapin,  sous la chaussure de l'heureux destinataire.

 

Le héros est toujours irrésistible, en particulier avec les femmes qui sont d'une beauté fatale, alliées et/ou traitresses en puissance. Il se met dans des situations impossibles dont il se sort, plus conquérant que jamais. De quoi faire rêver les adolescents...

 

 

Malgré les nombreux "clichés", j'avoue avoir trouvé un certain plaisir (adolescent ?) à la lecture de l'album "Le Président ne mourra pas" qui raconte l'histoire d'un complot pour tuer le Président des Etats-Unis. Complot qui échouera grâce à l'action de Bob Morane, of course ! Si la route des Kennedy avait croisée celle de Bob Morane...

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08/12/2007

Itinéraire d'un salaud ordinaire

Itinéraire d'un salaud ordinaire

 

 

Didier Daeninckx

 

 

Editions Gallimard

 

 

 

Didier Daeninckx s'est fait connaître par ses romans policiers, très engagés politiquement, à gauche. Il a obtenu le "Grand prix de la littérature policière",  et le prix "Paul Vaillant-Couturier", en 1984, pour "Meurtres pour mémoire" (Série noire n°1945 et Folio policier n°15).  Il est proche du Parti Communiste et le fait savoir. Pour engagés qu'ils soient ses romans n'en sont pas moins agréables à lire.

 

 

Cet "Itinéraire d'un salaud ordinaire" est le déroulement de la carrière brillante d'un fonctionnaire de police "apolitique" (donc de Droite), de qualité, au service de sa hiérarchie et des pouvoirs successifs (jusqu'en 1981 !).

 

Embauché en 1942, il est donc d'abord au service du régime de collaboration avec l'occupant, y compris pour rafler les juifs et les rassembler au "Vel d'hiv", quand "de paisibles policiers français se sont mués en remarquables chasseurs de gibier humain, avec l'aide du zèle dénonciateur d'une frange de la population".

 

Spécialiste de la lutte anti-communiste, ses compétences sont appréciées dès que la "guerre froide" commence. 

 

Puis en 1968 contre les gauchistes. Toujours au service d'un vaste ensemble répressif.

 

Les techniques de manipulation policières sont décrites, en particulier les chantages (sexe, argent, drogue, par ordre d'importance, avec des passerelles de l'un(e) à l'autre).

 

 

Selon l'auteur, l'assassinat de Jacques Mesrine a été organisé pour détourner l'attention du public un peu trop intéressé par les meurtres des ministres ou anciens ministres Boulin, De Broglie, Fontanet.

 

 

Impossible de ne pas penser à l'itinéraire de Maurice Papon, fonctionnaire irréprochable dans l'accomplissement des tâches qui lui étaient confiées. Il sera même ministre. Et René Bousquet, Secrétaire général de la Préfecture de police pendant la guerre. Les deux apparaissent dans le livre.

 

 

Petit détail historique : contrairement à ce que dit l'auteur, l'université de Vincennes n'a joué aucun rôle en mai 68,  pour une raison simple : elle n'a été créée qu'après, par Edgar Faure,  à l'automne suivant, dans des locaux provisoires (elle est aujourd'hui à Saint Denis),  comme réaction à ces "évènements", pour sortir du mandarinat universitaire. Je sais : j'y étais : c'était la seule université qui favorisait la vie des étudiants salariés.

 

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02/12/2007

John Le Carré de nouveau en Afrique

Le chant de la mission

 

 

De John Le Carré

 

 

Editions du Seuil

 

 

 

Après "La patience du jardinier", John Le Carré revient en Afrique. Après avoir dénoncé, sous forme de roman d'amour,  les expérimentations pharmaceutiques sur les populations africaines (n'hésitez pas à louer le DVD pour voir le film tiré du roman), il évoque, fort bien, le pillage des richesses par des "Occidentaux", sous forme d'un roman d'aventures, qui s'apparente à ses romans d'espionnage.

 

Il a reçu la documentation de l'"International crisis group", bien connu dans les milieux spécialisés pour le sérieux de ses études.

 

Le lecteur ressort de ce livre dégoûté par les élites politico-financières européennes, américaines et africaines qui pillent, sans vergogne, les matières premières d'un pays, au prix de la misère de la population, au prix de guerres qui n'ont de "civiles" que les victimes. Cela se passe dans l'Est du Congo, c'est donc de pleine actualité (voir mon billet sur le drame humanitaire dans cette région), malheureusement cela pourrait se passer dans d'autres pays...

 

 

Le seul bémol, c'est que l'on se demande comment le héros, tellement intelligent, peut être aussi naïf.

 

 

Citations tirées du livre :

 

 

" La couronne est toujours échue à son voisin parce que lui n'était pas assez féroce, pas assez corrompu, pas assez fourbe".

 

"Nous sommes fiers de notre négritude, mais tous les camelots de la ville vendent du produit de blanchiment garanti cancérigène"

 

"Les élections n'apporteront pas de solution, mais ce sont nos élections à nous !"

 

 

 

07:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)

01/12/2007

Une lutte historique : les canuts

Le chant des canuts

 

 

Louis Muron

 

 

Editions Presses de la cité

 

 

Lyon 1830 / 1835

 

 

 

"C'est dans les masses profondes des travailleurs que réside la vie réelle de la Nation"

 

Edouard Herriot, maire de Lyon, Radical-socialiste.

 

 

 

1830 : Charles X est obligé d'abdiquer et de laisser la place à son cousin Louis-Philippe d'Orléans.

 

 

Les "canuts", ce sont les travailleurs de la soie, 50.000,  regroupés en 8.000 ateliers lyonnais, travaillant "à la pièce" pour 1.400 négociants.

 

Ce livre raconte, sous forme de roman,  leur révolte ("vivre en travaillant ou mourir en combattant"), en novembre 1831, puis en avril 1834, la répression sanglante du mouvement, et enfin la condamnation en "justice" des "meneurs",  en 1835, par une juridiction spéciale.

 

 

Ces travailleurs ont la nostalgie de l'Empire, qui était synonyme de commandes.

 

Ils subissent une importante baisse de leurs revenus, en raison de la concurrence étrangère (suisse : souvent des Lyonnais partis en exil à cause de la répression contre les girondins en 1793), et surtout de l'essor du coton et du tissage industriel, moins luxueux mais beaucoup moins cher.

 

La monarchie bourgeoise connait l'essor de l'industrie textile, mais également ferroviaire qui favorise les transports, et donc la concurrence.

 

Les canuts sont majoritairement des maîtres artisans,  instruits, fils de la philosophie des "lumières" (voir la note sur "Sophie, la libertine") qu'ils abordent souvent à travers les mutuelles et la franc-maçonnerie. Ils considèrent que "le progrès doit libérer l'Homme de la peine".

 

Comme le raconte le "Journal des débats" : "la sédition de Lyon a révélé la lutte entre la classe qui possède et celle qui ne possède pas".

 

Le Maire de Lyon, qui voudrait la paix sociale dans sa ville, invite ceux qui n'ont pas de travail à partir coloniser l'Algérie.

 

Lamennais, catholique social, dénonce "le manque d'engagement de l'épiscopat aux côtés des populations défavorisés", et Lamartine lui reproche d'être "l'évangile de l'insurrection".

 

 

Citations :

 

"Si les hommes font les Lois, les femmes font les mœurs" ;

 

"Nous autres, pauvres canuts, nous ne pouvons pas nous payer le médecin : alors nous mourrons nous mêmes !" ;

 

"Il va falloir s'engager politiquement,  si c'est le moyen de changer cette société où nous sommes exploités" ;

 

"La véritable et difficile question, c'est d'empêcher que les améliorations tournent au profit exclusif de quelques individus" ;

 

"Votre sang a fécondé le sol où doit croître l'arbre de l'émancipation des prolétaires. Votre mémoire ne sera pas oubliée dans l'histoire du prolétariat" ;

 

08:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)

24/11/2007

Le chat botté

Le chat botté

 

 

Patrick Rambaud

 

 

Editions Grasset

 

 

9 Thermidor An II / Ventôse An IV

 

 

Je ne suis pas un admirateur de l'épopée napoléonienne. C'est peut-être pour cela que j'avais apprécié "La bataille", roman qui racontait la bataille d'Eylau, boucherie qui marquait "le début de la fin",  et pour lequel Patrick Rambaud avait obtenu le prix Goncourt et le "prix du roman de l'académie française".

 

Dans la même veine il a écrit, et j'ai lu, avec plaisir : "Il neigeait", qui raconte la campagne de Russie (Prix "ciné roman / carte noire"), puis "L'absent" qui raconte l'exil à Saint Hélène.

 

Le dernier, (pour l'instant ?) de la série fait un "flash back" en parlant de cette période troublée, disputée entre jacobins et royalistes, pendant laquelle "des massacres nouveaux répondent aux massacres anciens", de la chute de Robespierre jusqu'au mariage de Napoléon, à travers la vie du jeune (25 ans) général d'artillerie aux dents longues,  qui "monte" à Paris, ressemblant à un "chat botté", selon la future Duchesse d'Abbrantes.

 

 

Pour satisfaire son ambition, et mettre son talent en évidence, le jeune homme a des principes très simples :

 

- s'appuyer sur des relations utiles (il a connu Barras au siège de Toulon) ;

 

- utiliser les femmes ("on arrive d'abord par les femmes",  disait-il) : c'est ainsi que Barras se débarrasse de la veuve de Beauharnais, Rose, future Joséphine, en faisant croire à Napoléon qu'elle est noble et riche. Ces femmes, comme dit l'auteur "importantes comme des hommes avant la grande nuit misogyne venue d'Orient, qui tomba sur la Grèce à la mort d'Hérodote, et transforma les femmes en putains ou en mères" ;

 

- utiliser les hommes : "il y a deux leviers pour soulever les hommes : l'intérêt et la peur" ;

 

- faire de la politique sans convictions politiques ("le général saluait l'absence de morale en politique"),  avec cynisme et opportunisme : il fait croire aux royalistes qu'il a refusé d'aller se battre contre les Vendéens par sympathie (alors qu'il n'a refusé le poste de général d'infanterie en Vendée que parce qu'il le jugeait indigne d'un général d'artillerie)...jusqu'au moment où il les massacre devant l'église Saint Roch le 13 Vendémiaire.

 

Nommé gouverneur militaire de Paris, "son premier travail fut d'enrichir sa famille et ses fidèles".

 

08:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (5)