Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/10/2015

Dialogue social

Les images de la fin de la réunion du comité d'entreprise d'Air France font le tour des médias du monde entier.

Elles sont l'illustration de l'extrême difficulté du dialogue social dans notre pays.

Notre patronat répugne à négocier. D'autant plus que les syndicats sont faibles et divisés.

Il y a quelques années, j'avais fait une étude sur le taux de syndicalisation dans les pays de l'Union européenne (avant élargissement) . Le résultat était très clair : plus il y a de syndicats, moins il y a de syndiqués. Et la France bat des records, en nombre de syndicats, et en faible nombre de syndiqués.

Comme la négociation, devant débouché sur un compromis,  entre partenaires sociaux, est difficile sinon impossible, les protagonistes se tourne vers l'Etat. spécificité française.

Tout le monde se souvient des reproches fait à Lionel Jospin, alors Premier ministre et candidat à l'élection présidentielle, osant déclarer : "l'Etat ne peut pas tout !".

Je me souviens d'une conversation avec le Premier ministre suédois, social-démocrate, cherchant à comprendre la loi sur les 35 heures, et m'expliquant que dans son pays, où le temps de travail moyen est inférieur au notre, les partenaires sociaux, avec un syndicat unique très puissant, n'auraient jamais accepté que l'Etat légifère. Je lui ai expliqué que chez nous le patronat au niveau national renvoie à des négociations par branches, et au niveau des branches renvoie au niveau national, bien décidé à ne rien accepté.

L'angoisse et la colère des salariés d'Air France est compréhensible. Leur violence est répréhensible, autant mais pas plus que celle des agriculteurs, ou des "bonnets rouges". Comme l'expliquait sur Arte le sociologue Jean-François Amadieu, la vérité, regrettable, en France, est que seules les actions violentes sont entendues.

20:47 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : air france

17/07/2015

Mitterrand ambigu ?

Portrait d'un ambigu

Philip Short

éditions du nouveau monde

 

François Mitterrand est décédé il y a bientôt vingt ans. La pile des livres qui lui sont consacrés continue à s'élever.

Philip Short était journaliste de la BBC  accrédité à Paris pendant les présidences de François Mitterrand. C'est sa troisième biographie, après celle de Mao et de Pol Pot, sans qu'il ne faille voir un lien avec les deux ouvrages précédents.

Enorme pavé de plus de huit cent pages. La lecture terminée, j'en tire l'impression que François Mitterrand ne correspond pas du tout à cette image d'ambiguité. 

Il n'était pas ambigu dans sa vie amoureuse : son épouse, Danielle, trop souvent laissée seule,  vivait avec un autre homme à partir de 1958, aussi bien rue de Bièvres qu'à Latche. Mitterrand a eu de nombreuses relations extra-conjugales. Sans ambiguïté . Y compris avec la mère de Mazarine. Dont Danielle connaissait l'existence. Et Anne savait qu'il ne divorcerait jamais d'avec Danielle. L'ambiguité n'existait que pour l'extérieur des deux familles. 

Le Président Mitterrand a été sans ambiguité dans le domaine des relations extérieures. Les exemples sont multiples : l'Europe ("il y a un danger qui plane sur elle, c'est que le grand nombre finisse par en faire simplement une zone de libre échange"), le Moyen-Orient ("la reconnaissance préalable et mutuelle du droit des autres à l'existence"), la force de dissuasion ("l'arme nucléaire n'est pas faite pour gagner la guerre mis pour l'empêcher" ;"les pacifistes sont à l'ouest, les missiles sont à l'est"), etc.  

Dans le domaine de l'économie, celui qu'il maîtrisait le moins, il n'était pas ambigu, il tergiversait par manque d'assurance.

Son seul moment d'ambiguité politique a été lorsqu'il travaillait à Vichy tout en étant déjà un résistant actif. Il n'était pas seul dans ce cas, et la consigne donnée par Londres à ses semblables était de continuer le plus longtemps possible dans ce double rôle. Raymond Marcellin et Maurice Couve de Murville furent dans le même cas.

L'ambiguité de ses positions sous la Ive République ne venait-elle pas de la situation politique de l'époque ?

Il n'a pas été ambigu sous la Ve : toujours pour l'Union de la Gauche, avec pour objectif de battre la droite et de récupérer le plus grand nombre d'électeurs communistes. Il a été plus secret qu'ambigu."Ceux qui le connaissaient le mieux ne connaissaient que 30% de ce qu'il pensait". "Son mépris pour le pouvoir de l'argent et sa foi en la justice sociale furent constants tout au long de sa carrière politique." ("L'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine et l'argent qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes.")

Il n'a été ambigu que dans sa mort : "une messe est possible", avec un enterrement à Jarnac où il sera pour l'éternité, sans Danielle ni Anne. "J'ai une âme mystique et un cerveau rationaliste."

"Décider de la façon dont on devra passer ses dernières années n'est pas une hypothèse abstraite, mais un choix irréversible ."

"Ce n'est pas la mort qui me fait peur, c'est de ne plus vivre." "Je compte sur vous pour veiller à ce qu'on ne me voit pas ratatiné comme un légume, grabataire et inconscient. Il faudra tout faire pour m'épargner cette misère."

 

"Ce sont les rêves, non les réalités qui font gagner les élections."

"C'est plus difficile de négocier avec quelqu'un qui a un rêve qu'avec quelqu'un qui a un objectif"

"Il se voyait lui même comme un romantique dont la vie était un roman en train de s'écrire" (quel romancier plein d'imagination aurait pu créer une telle vie ?)

 

17/06/2015

migrations : pas si simple...

Face aux flux de migrants qui traversent l'Europe, et en particulier notre pays, plusieurs attitudes sont possibles.

Il y a la position de la Legua, avec qui le Front National vient de s'allier pour créer un groupe au Parlement européen : il faut bombarder les bateaux d'immigrés. Sous entendu, y compris avec les immigrés dedans. Malheureusement, un assez bon score aux dernières élections locales du nord de l'Italie...Mais pas vraiment une solution !

Il y a la position de Cameron : d'accord pour aller secourir les immigrés en mer, mais pas question qu'ils viennent chez nous. Un soupçon d'humanité supplémentaire, mais pas une solution.

Il y a la position de notre ministre de l'intérieur qui rappelle que,  selon le droit européen, c'est à l'Italie de se débrouiller avec les immigrants illégaux arrivés chez elle. C'est légalement juste, basé sur l'accord de Dublin de 1990, mais insupportable : nous ne sommes plus dans les années 90, le problème a pris une autre ampleur, et ce n'est pas un problème italien, mais bel et bien européen, et même plus largement Sud / Nord. Pas étonnant que le gouvernement italien menace de délivrer des laisser passer pour ne pas avoir à garder sur son sol la totalité des migrants qui y arrivent...et qui ne veulent pas y rester.

Il est vrai qu'il ne sert à rien de laisser entrer en France des migrants qui se trouveront quelques jours plus tard à dormir dans les rues à Paris, puis à Calais.

Heureusement, le gouvernement français fait quelques propositions indispensables pour améliorer l'accueil humanitaire, et faciliter les demandes d'asile politique des migrants venant de pays comme l'Erythrée ou la Syrie. Comparée à d'autres pays la France a du retard. Cela fait bien longtemps qu'elle n'est plus une "terre d'asile".

Le problème de fond se trouve dans l'inégal développement de notre planète. Quand le dictateur soudanais, qui a massacré le peuple du Darfour, se rend au Sommet de l'Union africaine, il y trouve appui, soutien, réconfort face à la Cour Pénale Internationale. Au nom de quoi la majorité de ces prédateurs autocrates qui dirigent les pays d'Afrique pourraient lui faire des critiques ?

Tant que les élites africaines mettront leurs pays en coupe réglée et que la démocratie y sera inexistante ou des plus fragiles, leurs populations rêveront d'ailleurs.

 

20:36 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : migrations

02/06/2015

Du RMI à l'assemblée nationale

Député, pour que ça change

Michel Pouzol

éditions du Cherche Midi

 

Un itinéraire atypique : Michel Pouzol, intermittent du spectacle, puis rmiste, surendetté, chargé de famille, adhère au PS, et cinq ans plus tard, il est député, après être passé par la case "élection au conseil général".

D'où vient mon sentiment de malaise ? Je connais bien le PS et son fonctionnement. Je sais la vigueur des luttes pour les postes éligibles, y compris à Brétigny-sur-orge, dont j'ai été l'élu pendant douze ans. Je sais donc que rien n'est dû au hasard, surtout pas une élection à l'assemblée nationale.

Je ne doute pas que Michel Pouzol soit bien placé pour aider les gens en galère. Mais je me demande si sa galère ne lui sert pas d'argument pour se vendre.

Autre malaise : il met beaucoup en avant sa femme, qu'il présente comme fragile psychologiquement et physiquement, et ses enfants qu'il emmène dans les réunions publiques politiques. Je n'ai jamais fait cela. Cela ne m'est pas venu à l'esprit, et si, sous influence anglo-saxonne,  j'en avais esquissé l'hypothèse, il est clair que mon épouse ne l'aurait pas permis, à juste raison.

Michel Pouzol se présente comme petit-fils de paysan et ouvrier. Il a été ouvrier, et fait les 3x8,  le temps d'un job d'été ! J'ai fait des jobs d'été pénibles : savoir que l'on ne restera pas aide à tenir le coup. J'ai fait les 3x8 pendant sept ans, sans savoir quand cela se terminerait. La vision est bien différente.

Egalement petit-fils de paysans, ma grand-mère limousine, qui a terminé sa carrière comme "dame pipi" à Paris,  me disait toujours "rentre à la RATP, tu auras une bonne retraite". Je suis rentré à la SNCF...J'y étais encore, travaillant dans une gare de triage, quand j'ai passé mon mémoire de maîtrise. Contrairement à ce que chantait Ferrat, je ne suis pas resté à "attendre sans s'en faire le temps que la retraite sonne".  Après mon Bac, il n'était pas question de ne pas travailler pour subvenir à mes besoins, ni de ne pas faire d'études à l'université. Et tant pis pour mes rêves de devenir acteur...

Après son Bac, Michel Pouzol rêvait d'être journaliste et/ou cinéaste. Il a vécu de quelques piges et rêvé de faire un long métrage. Quel taux de chômage parmi les apprentis journalistes et cinéastes ? Il n'est pas devenu rmiste parce que son emploi aurait été supprimé. Comment peut-il dire qu'au sein du PS il a été victime de "mépris de classe", alors qu'il a toujours mis en avant sa situation sociale précaire comme justification de sa candidature ?

Autant il parle dans ce livre de la façon dont il a été désigné et élu aux élections cantonales, autant il n'évoque pas sa désignation pour être le candidat du PS aux législatives. 

Les choses sont pourtant claires ; il a été choisi par la "gauche" du PS, comme un symbole. Cela s'appelle du populisme. Il s'agissait également d'empêcher le maire de la ville, socialiste, mais pas de la bonne "tendance" au sein du PS. Comme cela est souvent le cas au sein du PS...

Bien dans cette ligne politique, il affirme : "nous devons desserrer les verrous européens qui pèsent si lourdement sur les ménages et les familles les plus fragiles." Je suis affligé qu'un parlementaire puisse faire de telles affirmations.

Au mois de mars, Michel Puzol, conseiller général,  et son camarade maire, membre de deux fractions différentes du PS ont tous les deux été battus... Prochain chapitre aux législatives !

  

 

 

 

18:27 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

21/05/2015

Voyages, voyages...

Dans les coulisses des voyages présidentiels

Du général De Gaulle à François Hollande

Jean-Marie Cambacérès

éditions du Cherche Midi (documents)

 

J'ai connu Jean-Marie Cambacérès au début des années 80. Il était directeur du cabinet de Lionel Jospin, alors Premier Secrétaire du PS. Je l'ai connu maire de Sommières et conseiller au cabinet de Gaston Deferre, ministre de l'intérieur. Je l'ai connu échouant dans sa tentative de prendre la place du conseiller général sortant, socialiste, mais qui ne voulait pas prendre sa retraite. Je l'ai connu député du Gard. Je me souviens qu'il a quitté le PS quand Fabius en est devenu le Premier Secrétaire.

La dernière fois que je l'ai vu, avant la dédicace de son livre, c'était au Parlement européen, à Bruxelles, où il m'avait demandé de lui prendre quelques rendez-vous dans sa qualité de Président de "France-Asie".

Diplomé de chinois, il a organisé le voyage de François Mitterrand et Lionel Jospin à Pékin , avant la présidentielle de 81.

A des titres divers, il a participé à quelques voyages présidentiels. Mais il ne se contente pas de parler des voyages auxquels il a participé. Il a lu des livres de mémoires qui en évoquaient certains, et il a interrogé de nombreuses personnalités directement impliquées, y compris l'ancien président Giscard d'Estaing.

Son livre fourmille d'anecdotes qui le rende d'une lecture agréable.

A travers leur façon de voyager, le portrait de chaque président s'esquisse.

J'ai noté, en particulier, l'invention du "thé d'Etat" pour remplacer le "dîner d'Etat", le président iranien refusant de dîner avec des femmes prévues à ce dîner officiel.

Avec la construction européenne et l'essor du multilatéralisme, les voyages se multiplient, d'où une évolution vers des voyages moins formels et plus courts.

Autre évolution : les présidents se transforment en représentant des intérêts économiques de la France. parfois avec des effets d'annonces non suivis d'effet. Nicolas Sarkozy en était le spécialiste.

Les voyages doivent également être positifs pour l'opinion publique française, d'où la volonté de "faire le buzz" ! La "meute" de journalistes  suit le Président, afin d'en être, comme au Festival de Cannes...