02/06/2015
Du RMI à l'assemblée nationale
Député, pour que ça change
Michel Pouzol
éditions du Cherche Midi
Un itinéraire atypique : Michel Pouzol, intermittent du spectacle, puis rmiste, surendetté, chargé de famille, adhère au PS, et cinq ans plus tard, il est député, après être passé par la case "élection au conseil général".
D'où vient mon sentiment de malaise ? Je connais bien le PS et son fonctionnement. Je sais la vigueur des luttes pour les postes éligibles, y compris à Brétigny-sur-orge, dont j'ai été l'élu pendant douze ans. Je sais donc que rien n'est dû au hasard, surtout pas une élection à l'assemblée nationale.
Je ne doute pas que Michel Pouzol soit bien placé pour aider les gens en galère. Mais je me demande si sa galère ne lui sert pas d'argument pour se vendre.
Autre malaise : il met beaucoup en avant sa femme, qu'il présente comme fragile psychologiquement et physiquement, et ses enfants qu'il emmène dans les réunions publiques politiques. Je n'ai jamais fait cela. Cela ne m'est pas venu à l'esprit, et si, sous influence anglo-saxonne, j'en avais esquissé l'hypothèse, il est clair que mon épouse ne l'aurait pas permis, à juste raison.
Michel Pouzol se présente comme petit-fils de paysan et ouvrier. Il a été ouvrier, et fait les 3x8, le temps d'un job d'été ! J'ai fait des jobs d'été pénibles : savoir que l'on ne restera pas aide à tenir le coup. J'ai fait les 3x8 pendant sept ans, sans savoir quand cela se terminerait. La vision est bien différente.
Egalement petit-fils de paysans, ma grand-mère limousine, qui a terminé sa carrière comme "dame pipi" à Paris, me disait toujours "rentre à la RATP, tu auras une bonne retraite". Je suis rentré à la SNCF...J'y étais encore, travaillant dans une gare de triage, quand j'ai passé mon mémoire de maîtrise. Contrairement à ce que chantait Ferrat, je ne suis pas resté à "attendre sans s'en faire le temps que la retraite sonne". Après mon Bac, il n'était pas question de ne pas travailler pour subvenir à mes besoins, ni de ne pas faire d'études à l'université. Et tant pis pour mes rêves de devenir acteur...
Après son Bac, Michel Pouzol rêvait d'être journaliste et/ou cinéaste. Il a vécu de quelques piges et rêvé de faire un long métrage. Quel taux de chômage parmi les apprentis journalistes et cinéastes ? Il n'est pas devenu rmiste parce que son emploi aurait été supprimé. Comment peut-il dire qu'au sein du PS il a été victime de "mépris de classe", alors qu'il a toujours mis en avant sa situation sociale précaire comme justification de sa candidature ?
Autant il parle dans ce livre de la façon dont il a été désigné et élu aux élections cantonales, autant il n'évoque pas sa désignation pour être le candidat du PS aux législatives.
Les choses sont pourtant claires ; il a été choisi par la "gauche" du PS, comme un symbole. Cela s'appelle du populisme. Il s'agissait également d'empêcher le maire de la ville, socialiste, mais pas de la bonne "tendance" au sein du PS. Comme cela est souvent le cas au sein du PS...
Bien dans cette ligne politique, il affirme : "nous devons desserrer les verrous européens qui pèsent si lourdement sur les ménages et les familles les plus fragiles." Je suis affligé qu'un parlementaire puisse faire de telles affirmations.
Au mois de mars, Michel Puzol, conseiller général, et son camarade maire, membre de deux fractions différentes du PS ont tous les deux été battus... Prochain chapitre aux législatives !
18:27 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
21/05/2015
Voyages, voyages...
Dans les coulisses des voyages présidentiels
Du général De Gaulle à François Hollande
Jean-Marie Cambacérès
éditions du Cherche Midi (documents)
J'ai connu Jean-Marie Cambacérès au début des années 80. Il était directeur du cabinet de Lionel Jospin, alors Premier Secrétaire du PS. Je l'ai connu maire de Sommières et conseiller au cabinet de Gaston Deferre, ministre de l'intérieur. Je l'ai connu échouant dans sa tentative de prendre la place du conseiller général sortant, socialiste, mais qui ne voulait pas prendre sa retraite. Je l'ai connu député du Gard. Je me souviens qu'il a quitté le PS quand Fabius en est devenu le Premier Secrétaire.
La dernière fois que je l'ai vu, avant la dédicace de son livre, c'était au Parlement européen, à Bruxelles, où il m'avait demandé de lui prendre quelques rendez-vous dans sa qualité de Président de "France-Asie".
Diplomé de chinois, il a organisé le voyage de François Mitterrand et Lionel Jospin à Pékin , avant la présidentielle de 81.
A des titres divers, il a participé à quelques voyages présidentiels. Mais il ne se contente pas de parler des voyages auxquels il a participé. Il a lu des livres de mémoires qui en évoquaient certains, et il a interrogé de nombreuses personnalités directement impliquées, y compris l'ancien président Giscard d'Estaing.
Son livre fourmille d'anecdotes qui le rende d'une lecture agréable.
A travers leur façon de voyager, le portrait de chaque président s'esquisse.
J'ai noté, en particulier, l'invention du "thé d'Etat" pour remplacer le "dîner d'Etat", le président iranien refusant de dîner avec des femmes prévues à ce dîner officiel.
Avec la construction européenne et l'essor du multilatéralisme, les voyages se multiplient, d'où une évolution vers des voyages moins formels et plus courts.
Autre évolution : les présidents se transforment en représentant des intérêts économiques de la France. parfois avec des effets d'annonces non suivis d'effet. Nicolas Sarkozy en était le spécialiste.
Les voyages doivent également être positifs pour l'opinion publique française, d'où la volonté de "faire le buzz" ! La "meute" de journalistes suit le Président, afin d'en être, comme au Festival de Cannes...
21:22 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, voyages
05/05/2015
Jeanne ne semble pas être d'un grand secours
Pathétique, de voir Jean-Marie Le Pen appeler au secours Jeanne d'Arc. "Félonie", un terme tout aussi moyenâgeux . Il ne peut y avoir de félonie que d'un vassal à l'égard de son seigneur. Ce qui en dit long sur ce qu'il considère comme devant être les relations de sa fille à son égard.
Dans mes années au Parlement européen, j'ai souvent croisé les Le Pen, plus souvent séparément qu'ensemble. Car, si je conteste tout à fait leurs idées, si je considère que leur présence au Parlement européen affaiblit la France, je dois reconnaître qu'ils sont présents, aussi bien à Bruxelles qu'à Strasbourg.
Il y a quelques années le patriarche était entouré d'une cour. Il a laissé expulser ses vieux compagnons, sauf Bruno Golnisch, et s'est retrouvé de plus en plus seul. Avant que quitter le Parlement européen, il y a bientôt un an, j'avais été frappé par sa solitude, alors que la nouvelle Présidente était entourée. Comme on dit à la campagne "les mouches avaient changé d'âne" ! Les mouches n'étaient généralement pas les mêmes. Celles de Jean-Marie avait été chassées par sa fille.
Jean-Marie pensait que Marine ne serait que son prête nom. Il n'est plus qu'un vieillard qui doit se contenter de chercher à nuire.
Pathétique...
16:38 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, le pen
07/04/2015
Chirac, reclus dans sa mélancolie
Chirac
Les secrets du clan
Béatrice Gurrey
Prix du livre politique 2015
éditions Robert Laffont
La plus belle réussite de Sarkozy est de nous avoir rendu Chirac sympathique.
Les hommes politiques ne sont jamais aussi populaires que lorsqu'ils ont quitté le pouvoir.
Chirac est d'autant plus populaire que tout le monde le sait fragile en sa fin de vie. Plus que d'autres du même âge. Heureusement, il y a "l'anosognosie qui l'empêche de prendre conscience de son état."
Pour le comprendre, Béatrice Gurrey, journaliste au Monde nous donne une clé : l'accident vasculaire cérébral de 2005, volontairement minimisé par le clan, en particulier Claude, chargée de la communication.
Autre clé : quitter le pouvoir après l'avoir tant recherché et pratiqué. Sans aller jusqu'au drame de Bérégovoy, tous les Premiers ministres ont avoué le grand vide qui les a saisi après leur départ de Matignon. Et après l'Elysée ? "C'est toute son existence qui appartient désormais au passé". "Debré sait, pour l'avoir vécu, ce que veut dire le silence autour ce ceux que le pouvoir a désertés."
"La femme du Président régnait sur l'Elysée comme nulle autre avant elle." Bernie ne sort pas grandie de ce livre qui ne la montre pas sous son meilleur jour, tout en la qualifiant de "fine politique". "Elle considère que tout lui est dû". "Bernadette Chirac aime être servie".
"La plupart des amis de Chirac n'aime pas sa femme, c'est presque à cela qu'ils se reconnaissent."
"Il sait l'Asie, les pays arabes, l'Afrique. Il connait. Les peuples, leur histoire. Le monde multipolaire. C'est la culture." (Claude à propos de son père, "son grand homme, sa bataille, sa névrose")
"La classe politique est locale, inculte, incapable de comprendre le monde tel qu'il est. Chirac tranchait par sa capacité à comprendre les civilisations non occidentales." (Hubert Védrine)
"Ce qui intéresse l'homme politique, ce n'est pas l'argent. C'est le pouvoir. il ne pense qu'à ça tout le temps, jour et nuit. S'il passe ses dimanches à serrer des mains, écouter des raseurs ou faire de la route, c'est pour le pouvoir. S'il sacrifie tout, sa famille, sa santé, sa dignité, c'est toujours pour le pouvoir. il se gâche la vie pour être conseiller général ou Président de la République. pas pour gonfler son compte en banque." (François Mitterrand)
"Jean-François Coppé, menteur patenté"
18:52 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, chirac
03/03/2015
Galerie de portraits
Une histoire personnelle de la Ve République
Alain Duhamel
éditions Plon
Cette "histoire" de la Ve république commence, pour Alain Duhamel, en 1965, date de ses débuts journalistiques, date de la première élection présidentielle au suffrage universel direct, et donc, pour moi début de mon engagement politique, il y a un demi-siècle...
Paradoxe d'Alain Duhamel, souvent classé comme giscardien mais chroniqueur à Libération, et auteur de deux livres d'entretiens avec François Mitterrand (Ma part de vérité) et Lionel Jospin.
"Entre l'histoire et la politique, il y a la mémoire"
"Même critique, Pierre Mendès-France voulait rester loyal jusqu'au bout à son camp. Beaucoup, aujourd'hui, pourraient en prendre de la graine."
"François Mitterrand, sans doute le président le plus érudit de la Ve République" ; "Une culture aussi évidemment bourgeoise que la sienne tempérait ses embardées idéologiques" ; "talent littéraire manifeste et une finesse éclatante" ; "à ses yeux, la politique était une chose beaucoup trop sérieuse pour qu'on la confie aux économistes " ; "François Mitterrand n'a jamais été aussi habile, aussi roué, aussi machiavélique que face à l'aventure de la première cohabitation" ;
"Raymond Barre, fait pour exercer le pouvoir plus que pour le conquérir : toujours l'inverse de Jacques Chirac"
"La loyauté et le désintéressement de Pierre Mauroy étaient sans faille, l'autorité de François Mitterrand se voulaient toujours amicale". Rarement couple exécutif a été aussi uni et solidaire" ; "Il est le seul Premier ministre que le Sphinx de l'Elysée aura sincèrement regretté" ; "Son sens de l'Etat l'a emporté sur son intérêt politique égoïste" ;
"Lorsque la France va mal, le Front National va bien et, depuis quarante ans, notre pays a malheureusement connu plus de bas que de hauts. Le FN représente la sanction de la crise." ; "La présidente du Front National joue cyniquement, ou pire peut-être sincèrement- des sentiments les plus délétères : xénophobie permanente, anti-islamisme virulent, détestation des immigrés, instrumentalisation de l'insécurité. Elle y ajoute un nationalisme de plus en plus virulent avec son cortège de protectionnisme, d'isolationnisme , d'égoïsme sacré" ;
"Nicolas Sarkozy, metteur en scène permanent de sa propre saga" ; "un autoritarisme constant, une incapacité à écouter les contradictions, une fringale de pouvoir, une personnalisation à outrance, un accaparement dangereux de la décision, une tentation irrépressible de se mêler de tout, partout et toujours" ; "faute de majesté du pouvoir et de distinction du verbe" ;
"On découvrit dans le projet de Traité constitutionnel le triomphe du capitalisme sauvage, ce qu'au contraire il combattait. On en fit une capitulation devant la mondialisation alors qu'il fournissait des armes au Vieux Continent pour se défendre. Ce fut la grande bataille de l'imaginaire contre le réel, de l'irrationnel contre le cartésien. Bien entendu, la fantasmagorie l'emporta sur le cartésianisme" ;
"J'étais furieux que Dominique Strauss-Kahn ait gâché un talent peut-être irremplaçable-éclatant- par un comportement de soudard" ;
"C'est un esprit intéressant. Il donnera peut-être quelque chose s'il ne se laisse pas enivrer par sa propre éloquence" (François Mitterrand, à propos de Jean-Luc Mélanchon) ; "compétent mais frustré" ; "Il n'avait ni troupes ni moyens matériels, mais il avait du talent, et une sorte d'état de grâce fiévreux" ; "entre diatribes et foucades, il crée de l'animation" ;"il affiche un mépris de fer pour ses adversaires" ;"il a des lettres, il a un ton, il est différent des autres"; "inspiré et chimérique, amoureux de son éloquence, désespéré de son impuissance politique, combatif, sentimental et violent, cultivé et sommaire" ;
"Les journalistes n'aiment rien autant que les batailles fratricides " ;
"En politique ce sont moins les hommes que les circonstances qui sont cruelles"
15:41 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique