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03/07/2016

Michel Rocard

Tristesse en apprenant le décès de Michel Rocard. Pluie de commentaires. Même ses adversaires chantent ses louanges. Même François Mitterrand aurait ciselé une phrase pour saluer sa mémoire, s'il n'était pas parti le premier.

J'ai parlé il y a peu de ses mémoires sur ce blog ("Michel Rocard raconte son itinéraire").

J'ai adhéré au PSU en 1969, pour appuyer sa candidature à la présidentielle. En 1973, j'étais candidat au PSU aux législatives. J'ai fait 3,5%. La moyenne du parti...J'en ai tiré les leçons, et j'ai adhéré au PS en 74, en même temps que Michel Rocard.

Mais je n'ai véritablement connu Michel Rocard que lorsqu'il est devenu Député au Parlement européen.

A ma connaissance, il est le seul à avoir abandonné un siège de sénateur pour devenir député européen. Il y a un certain nombre d'exemples inverses. Preuve de son engagement européen.

Michel Rocard avait un handicap, pour un homme politique voulant se faire élire : à part les jolies femmes, il n'avait pas la mémoire des visages, et encore moins celle des noms. J'avais beau le saluer, il se tournait toujours vers son assistante pour lui demander qui j'étais...Au point que celle-ci a fini par organiser un déjeuner entre nous quand je suis devenu Secrétaire général du Parti Socialiste Européen.

Michel Rocard était un vrai militant. Mes amis, et même probablement mes ennemis, se souviennent encore de notre arrivée dans la petite ville d'Aire-sur-la-Lys, au bord de ma twingo (désolé, je n'avais pas d'autre voiture...), après deux bonnes heures de route depuis Bruxelles.

Le député de la circonscription, Michel Lefait, et le Premier Secrétaire de la Fédération du Pas-de-Calais, Janquin, m'avaient intimé l'ordre d'annuler la venue de Michel Rocard. Mais je ne suis pas du genre obéissant...

La dernière fois que j'ai travaillé avec Michel Rocard, j'ai préparé, selon ses instructions, un texte pour la préservation de l'Arctique, qui sera voté par le Parlement européen.

Quand il a quitté le Parlement européen, il a été nommé ambassadeur de la France pour les négociations pour les pôles. 

Pas question de retraite pour Michel Rocard. Il n'arrêtait pas de lire des rapports, de voyager, de faire des propositions,  de s'engager. C'était sa vie, jusqu'au bout.

 

17:41 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rocard

22/06/2016

Hommage à Edgard Pisani

Edgard Pisani vient de s'éteindre à 97 ans. Je ne sais pas si son nom dit quelque chose aux moins de 50 ans.

J'ai fait la connaissance d'Edgard Pisani en 1979. J'étais candidat aux élections cantonales dans le sud de l'Essonne. Un canton immense, avec certaines communes de moins de 50 habitants. Très rural, très agricole, mais avec de plus en plus de "rurbains" vivant à la campagne et travaillant en ville. Eventuellement à Paris distant de plus de 60km.

Et Edgard Pisani était venu m'épauler. Dix ans après son passage au ministère de l'agriculture, les agriculteurs se souvenaient encore de lui, de façon positive.

Pour le fameux Congrès de Metz de cette année là, il avait choisi Michel Rocard, et moi Pierre Mauroy, mais il n'en avait cure, et ne faisait preuve d'aucun sectarisme.

Sans aucune chance de gagner, j'étais candidat face à un sortant communiste, héros de la Résistance,  réélu au premier tour depuis la Libération. Edgard Pisani avait également été un grand résistant, d'une vingtaine d'année.

J'avais été, l'année précédente , le suppléant de Jacques Guyard, futur ministre, mais nous avions été précédés au premier tour par la candidate communiste. A cette époque l'union de la Gauche était, déjà,  un "combat", comme le disait les dirigeants communistes de l'époque. Pour la première fois, le sortant communiste fut mis en ballotage par "le candidat d'Edgard Pisani". J'avais moins de 30 ans...Et n'eut aucune peine à me désister.

En janvier 1981,j'ai retrouvé Edgard Pisani au Parlement européen où il avait été élu en 1979. En mai, il m'avait expliqué que la marge de manoeuvre d'un gouvernement n'était pas extensible.

En juin, après l'élection de François Mitterrand, celui-ci le nomma à la Commission européenne, en remplacement de Claude Cheysson, devenu ministre des Affaires étrangères. Il y était responsable du Développement. Quinze ans plus tard, en parcourant l'Afrique avec des délégations du Parlement européen, les Africains nous parlaient encore de l'action d'Edgard Pisani.

Puis il devint ministre de François Mitterrand. A ma connaissance, il est le seul à avoir été ministre du général De Gaulle et de François Mitterrand.

Préfet, Sénateur (de Haute-Marne), Maire, Député, Député européen, ministre, et pour finir Président de l'Institut du Monde arabe : j'ai eu l'occasion de demander à Edgard Pisani quel mandat il avait préféré. Sans hésiter, il m'a répondu "maire : c'est le laps de temps le plus court pendant lequel tu vois concrétiser les décisions prises".

C'est un grand militant, grand intellectuel qui vient de nous quitter.

 

10/05/2016

Michel Rocard raconte son itinéraire

"Si ça vous amuse"

Chroniques de mes faits et méfaits

Michel Rocard

"J'ai lu" collection "biographies" n°10480

 

"Si ça vous amuse"...J'imagine bien François Mitterrand lançant cette réplique à "son" Premier Ministre qu'il supportait si mal.

Depuis son adolescence chez les scouts ("école des relations humaines"), jusqu'à ses engagements actuels, à plus de 80 ans.

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les pages consacrées au PSU, parti dont il fut le Secrétaire national, et dont je fus le candidat aux élections législatives de 1973. Et les chapitres consacrés à son expérience au Parlement européen, où j'ai souvent eu l'occasion d'échanger avec lui, en particulier à propos de son combat pour préserver l'Arctique, qu'il poursuit aujourd'hui.

Les chapitres consacrés à ses expériences gouvernementales ne sont pas les moins intéressants.

 

"La France a une vraie infirmité qui est la quasi-inexistence du dialogue social."

"Le capitalisme international a de moins en moins besoin de l'Etat pour réaliser ses desseins."

"Le vin n'est pas un produit. C'est une civilisation"

"La matière première de toute politique est faite d'attitudes, de perceptions, de sensibilités beaucoup plus que de références à des faits exacts."

"Le terrorisme sera éradiqué de Palestine quand le peuple palestinien pourra espérer une autre vie."

"La France et l'Europe peuvent et doivent accueillir toute la part qui leur revient de la misère du monde." "La solution principale se trouve dans la croissance économique des pays d'origine".

"70% de l'eau potable disponible est consommée par l'agriculture."

"Il n'y a de légitimité internationale à empêcher, au besoin militairement, la prolifération qu'à la condition que les détenteurs officiels de l'arme nucléaire l'abandonnent, ce qu'il ne peuvent faire qu'ensemble , et par la négociation."

"Dans les pays développés, un quart au moins de la population est soit en situation précaire, soit au chômage, soit pauvre."

"La survie de l'humanité va exiger des règles, des impôts, des interventions et des régulations publiques."

"Il n'est pas de négociation sans secret."

"La découverte de la complexité est largement synonyme de la découverte de l'impuissance."

 

 

 

 

08:40 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poliique

12/04/2016

Oui à la prévention et à la guérison, non à la prohibition

Le débat sur la prohibition de la drogue n'est pas nouveau, et certainement spécifique à la France.

J'ai déjà eu l'occasion d'exprimer mon avis sur cette question : la prohibition a fait la fortune et le bonheur d'Al Capone. Et n'a jamais empêché les Américains de boire de l'alcool !

Je suis persuadé que les drogues, comme l'alcool, sont nocives pour la santé.

N'est-il pas possible d'imaginer que l'argent mis dans une répression qui ne sert à rien soit mis dans la prévention et les soins, avec la formation de spécialistes des addictions ? 

 

27/01/2016

Pierre Mauroy

L'autre force tranquille

Raymond Kakovitch

éditions Riveneuve

 

François Mitterrand et Michel Rocard ont été les figures dominantes de la Gauche, au moins pour les gens de ma génération.

Eveillé à la politique par la candidature de François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1965, j'ai donc demandé mon adhésion à la FGDS. C'était il y a 50 ans...

En 1969, j'ai soutenu la candidature de Michel Rocard, et adhéré au PSU, jusqu'à notre adhésion au PS.

Au congrès de Metz j'ai rejoint celui qui réclamait avec force la synthèse entre les deux gauches. A l'époque j'étais secrétaire national des cheminots socialistes et j'expliquais mon engagement pour Pierre Mauroy avec l'image suivante : "si vous placez deux locomotives en tête d'un train, leurs puissances vont s'ajouter ; si elles tirent chacune de leur coté, cela sera la catastrophe". Nous n'avons pas fait un bon score au congrès, mais cette sagesse a finalement prévalu...et Pierre Mauroy est devenu Premier ministre ("modération et responsabilité, lucidité et réalisme").

Je lui suis largement redevable d'être entré au groupe socialiste du Parlement européen, d'être devenu Secrétaire général-adjoint puis Secrétaire général du Parti Socialiste Européen. Pierre Mauroy était un Européen convaincu, et convainquant. 

J'étais donc proche de lui, et mêlé à ses batailles politiques. En particulier dans la compétition disputée pour devenir Premier secrétaire du PS. Et surtout quand il a présidé l'Internationale socialiste. Nous sommes allés ensemble à Sarajevo, protégés par les casques bleus de l'ONU.

Pierre Mauroy ayant signé de nombreux livres, celui de Raymond Krakovitch n'apprend pas grand chose aux lecteurs. Mais je trouve bon qu'il rappelle l'action de Pierre Mauroy, et son extraordinaire activité : créateur des clubs Léo Lagrange, fondateur de la Fondation Jean Jaurès, Président de la Fédération des élus socialistes,  Président de la Fédération Mondiale des Villes jumelées. Et surtout un maire visionnaire. J'ai vu la belle rénovation du vieux Lille.  J'ai vécu de près, et pas forcément très bien, sa décision de faire venir Martine Aubry... Au total : plus de 60 ans de responsabilités politiques.

 

"Il y a entre lui et moi un lien que rien n'effacera. Nous avons reconstruit ensemble le socialisme français." François Mitterrand (1980)

"J'ai rarement vu un homme aussi généreux, aussi disponible, aussi courageux" François Mitterrand (1983)

"Personne n'incarne le socialisme français mieux que Pierre Mauroy" Alain Duhamel

"Intuition politique, grande finesse, subtilité d'analyse." Lionel Jospin

"Un peu lyrique, mais les pieds sur terre. Il incarne la vraie Gauche" Raymond Barre

 

18:38 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poliique