12/10/2017
35 ans de compagnonage avec Michel Rocard
C'était Rocard
Jean-Paul Huchon
éditions de l'Archipel
Michel Rocard est décédé l'an dernier, à plus de 80 ans.
Jusqu'au bout, il continue à réfléchir "sur le réchauffement de la planète, le drame des migrants, les déceptions de la construction européenne, l'agacement devant le déclin des socialistes, leur incapacité à être à la hauteur de leur histoire". Heureusement, il n' a pas vu la présidentielle et les législatives...
Bien qu'ayant été au PSU, je n'ai pas été "rocardien" au sein du PS, me sentant plus proche de Pierre Mauroy qui cherchait la synthèse.
Jean-Paul Huchon a été très proche de Michel Rocard, avant une brouille dont il ne cache rien dans ce livre.
Il a été son Directeur de cabinet dans chaque ministère puis à Matignon, son premier adjoint puis son successeur à la mairie de Conflans Saint Honorine.
Il livre dans ce livre ses souvenirs concernant sa "vie commune", politique, avec Rocard. Il parle également de l'homme et de sa relation avec les femmes ("très compulsif").
"Michel pouvait pardonner aux militants de se tromper. Il ne pouvait pas le pardonner à ceux qui savent, Mélanchon, Montebourg, Hamon. Ces gens savent qu'ils sont à côté de la réalité, mais ils n'en continuent pas moins d'asséner leurs fausses idées creuses, parce qu'ils croient que cela les sert."
Les photos qui illustrent le livre me rappellent de vieux souvenirs...
"Les politiques sont une catégorie de la population harcelée par la pression du temps. Ni soirée, ni week-end tranquille, pas un moment pour lire, or la lecture est la clé de la réflexion."
"Il n'est pas nécessaire d'être méchant pour être efficace"
"Il faut s'ouvrir au monde pour le comprendre et le maîtriser."
"Michel reprochait à Valls, comme à Macron, de manquer de culture historique."
"Les promesses électorales visent moins à régler les problèmes qu'à éveiller enthousiasmes et applaudissements."
"La modération demande plus de courage que de lyrisme."
08:36 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
13/06/2017
Dans les coulisses d'une campagne présidentielle folle
Le journal du OFF
Scénario : Renaud Saint-Cricq et Frédéric Gerschel
Dessin : James
Couleurs : Nicolas Vial
éditions Glénat
Le principe du "off" ("off the record" = pas enregistré) est bien connu des politiques et des journalistes : "ça reste entre nous", "bien sûr on ne s'est pas parlé", "du moment que vous ne me citez pas"... Le Canard enchaîné est le spécialiste de ces confidences anonymes. Les auteurs de ce petit livre sont des journalistes du Parisien/ Aujourd'hui en France. Les deux anciens présidents Sarkozy et Hollande ont la réputation d'avoir été de grands pourvoyeurs de tous les journaux.
Les journalistes affirment : "tout ce qui concerne la politique et la campagne est vrai". L'originalité de la démarche est d'avoir mis ces textes en BD.
"Juppé déteste les campagnes électorales : rabâcher toujours la même chose, se justifier, pour lui, c'est du temps perdu."
"Hollande pense qu'il va se présenter. Il pense pouvoir empêcher Mélenchon et les Verts de se présenter en exigeant des maires de gauche qu'ils refusent leur parrainage."
"La sortie du livre ("Un président ne devrait pas dire ça") l'a foudroyé sur place" ; "Pour la première fois de son mandat, Hollande a perdu le sens de l'humour" ; "Sa candidature, Ségolène et leurs quatre enfants sont clairement contre depuis des semaines. Ils lui disent de renoncer."
"Si je perds, j'arrête la politique. Mais la politique, c'est comme la drogue. L'aiguille, faut la retirer progressivement." (Sarkozy)
"La politique c'est le concentré de la nature humaine avec ses grandeurs et ses bassesses." (Luc Chatel)
"Marine Le Pen, c'est Trump sans le talent" (Sarkozy)
"Je vais m'organiser pour passer du petit au grand bassin" (Benoît Hamon)
16:16 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, politique
30/05/2017
Un couple pas ordinaire
Les Macron
Caroline Derrien et Candice Nedelec
éditions Fayard
L'une est journaliste à VSD, l'autre chef de service à Gala. Il n'est donc pas question de philosophie politique, mais bien l'étude d'un phénomène médiatique. Pourquoi les hebdomadaires ont-ils multiplié les couvertures du couple ? Parce que que cela fait vendre ! + 30%, en moyenne !
J'ai boudé le phénomène, mais maintenant qu'ils sont installés à l'Elysée, je n'ai pas voulu mourir idiot.
20 ans d'écart entre époux, ce n'est pas si rare. Mais il est peu usuel de cela soit dans ce sens là. Le seul exemple historique qui me vienne à l'esprit est Diane de Poitiers. Le fait qu'elle n'est pas été l'épouse mais la favorite accentue encore le phénomène. Je trouve tout à fait déplacées les plaisanteries sexistes à ce sujet.
Une femme au service de l'ambition dévorante de son mari n'a rien d'original. Manifestement elle ajoute son intelligence à la sienne, et son sens du contact multiplie celui de son époux.
"On ne travaille pas bien lorsqu'on est pas heureux"
"La politique ne devrait pas être un moyen de soigner ses blessures narcissiques."
08:17 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, macron
12/05/2017
Ni César, ni tribun !
En marche vers une autre façon de faire de la politique, en effet.
Pas de parti avec des instances élues qui pourraient contrarier. Pas de consultation des militants de base réduits à distribuer des prospectus en rêvant qu'ils seront choisis pour être candidats.
Pas de primaires, donc pas de consultation des citoyens à bulletins secrets : une auto-désignation suivie de cooptations.
Il est vrai que le nouveau président de la république n'est pas le seul à s'être affranchi des partis politiques qui, il est vrai, ne manquent pas de défauts.
Je ne suis pas certain que cette nouvelle façon de faire de la politique soit plus démocratique, et donc plus durable.
En attendant de voir comment cette méthode évoluera, elle n'est pas "ma tasse de thé"...
18:45 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : en marche
06/05/2017
"La France ne peut pas se retrouver sans retrouver le monde"
François Mitterrand
Michel Winock
Biographies NRF Gallimard
J'ai rencontré François Mitterrand en 1969, à l'occasion de la sortie de "Ma part de vérité" qui a été mon premier livre politique.
J'ai eu l'occasion de lui parler alors que j'étais Secrétaire national des cheminots socialistes, juste avant 81. Je lui avais dit alors que l'âge de départ à la retraite devait être différencié en fonction de la pénibilité du travail. Les cheminots travaillant dans les bureaux n'avaient aucune raison de partir à 55 ans, comme ceux qui travaillent en 3X8, comme c'était mon cas...
J'ai eu Michel Winock comme professeur (maître assistant) d'Histoire à l'université.
De nombreux livres ont été écrit sur François Mitterrand, généralement par des journalistes, ou par certains de ses proches, politiques ou personnels. On a même fait parler son chien Baltique...A ma connaissance, c'est la première fois qu'un historien universitaire se livre à l'exercice. Il cite beaucoup les autres ouvrages sur l'objet de son étude, généralement en soulignant les contradictions.
En 78, candidat suppléant député aux législatives, j'ai vraiment cru que nous allions "changer la vie". Un an plus tard, au Congrès de Metz, j'étais beaucoup plus sceptique sur la "rupture immédiate avec le capitalisme". Au cours de ses deux septennats, exemple qui restera unique dans l'histoire de France, François Mitterrand a été "un concentré sur ce que l'on peut faire". Plus pragmatique qu'idéologue. "Radicalité dans le discours, possibilisme dans les actes."
Je l'ai écouté deux fois s'adresser au Parlement européen. Dans les deux cas des discours qui ont marqué.
Les socialistes français ne sont pas spontanément favorables à la construction européenne. J'ai assisté en direct à la façon dont le Président a amené les parlementaires européens socialistes français à soutenir le rapport Spinelli, fédéraliste, dont ils ne voulaient pas, pour la majorité d'entre eux. Ce n'est que face à Mitterrand que Jean-Luc Mélanchon, jeune sénateur mitterrandolâtre n'osait critiquer la construction européenne.
Son discours sur le thème "le nationalisme, c'est la guerre" est resté gravé dans ma mémoire."
"Il était sûr de l'influence que retrouverait une France résolue à travers une Europe forte, par quoi se poursuivrait l'épopée française."
"Il a inscrit son action dans un temps qui dépassait celui de son existence." "Mitterrand ou l'homme qui médite sur les tombes."
"La mort redonna à François Mitterrand tout son lustre."
18:19 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, présidentielle