05/08/2017
Au coeur des tragédies rwandaise et congolaise
Ces tueurs Tutsi
Charles Onana
Préface de Cynthia McKinney, ancienne sénatrice américaine, ancienne envoyée spéciale de Bill Clinton en Afrique
éditions Duboiris
Kagamé a gagné l'élection présidentielle. Son score de 98% en dit long sur la "démocratie" qu'il impose au Rwanda.
Le journaliste Charles Onana, auteur de plusieurs livres sur le génocide rwandais rappelle une nouvelle fois quelques vérités historiques peu mentionnées par les médias.
Cynthia Mc Kinney :
"L'assassinat de deux Chefs d'Etats africains, le rwandais et le burundais, a été reconnu par les Nations Unies comme l'élément déclencheur du massacre d'un million de personnes au Rwanda."
"Plus de trois millions de Congolais sont tombés sous les balles des soldats du président Kagamé."
"Les Etats-Unis ont donner une formation militaire aux forces de Kagame pendant la période où les massacres avaient lieu."
Charles Onana :
"Des milliers de Tutsi innocents ont été massacrés dans une guerre de pouvoir au Rwanda."
"Les troupes de Kagamé, venant d'Ouganda, ont massacré beaucoup de Rwandais, Hutu et Tutsi confondus, dans leur guerre pour la conquête du pouvoir."
"La brutalité du régime monarchique tutsi est la source historique principales des conflits politiques et sociaux au Rwanda." "Une petite poignée de Tutsi s'est trouvée progressivement en situation de dominer à la fois le pouvoir politique et la vie économique ."
"Conscients qu'ils ne peuvent accéder au pouvoir au terme d'une élection démocratique, les extrémistes Tutsi voulaient prendre le pouvoir par les armes." "Kagamé et ses hommes ont choisi la force et non la voie des élections libres et pluralistes car étant ultra-minoritaires et profondément anti-démocratiques." "Les Tutsi sont devenus otages et victimes de la stratégie de conquête du pouvoir par les armes." Les troupes de Kagamé, lourdement armées via l'Ouganda, ont gagné la guerre. Et l'Histoire est souvent écrite par les vainqueurs. "Les Nations Unies ont contribué à la victoire militaire de Kagamé en affaiblissant les forces armées rwandaises du gouvernement légal subissant un embargo unilatéral sur les armes." Embargo qui ne touchait pas les rebelles de Kagamé approvisionné par l'Ouganda.
Les missiles qui ont abattu l'avion transportant les deux présidents ont été fabriqués en Russie, vendus à l'Ouganda, pourvoyeur en armes des forces de Kagamé. "La guerre est déclenchée et le Rwanda plonge définitivement dans l'horreur."
Sous couvert de rattraper les génocidaires hutu, les soldats de Kagamé se sont livrés à un poursuite acharnée sur le territoire de la RD Congo, sur plus de 5.000 km. "C'est la Commissaire européenne Emma Bonino qui dévoila au monde l'ampleur de la tragédie vécue par les réfugiés hutu au Congo. 280 000 auraient disparu." Car parmi ces fuyards, il y avait très probablement des coupables d'actes de génocide, mais il y avait surtout des milliers de femmes et d'enfants. En plus des victimes des massacres commis par les troupes de Kagamé, combien sont morts de faim ou de maladie sur cette longue route du désespoir ? Le cinéaste autrichien Hubert Sauper a filmé cette population en détresse. Mais ce film a été peu vu. Moins vu que "Hotel Rwanda" qui fait croire que Kagamé est entré à Kigali acclamé par la population, alors qu'en réalité ils étaient des centaines de milliers à fuir vers les pays voisins.
Mais cette "poursuite" s'est faite essentiellement dans l'Est du Congo, dans les zones riches en diamants, en or, en bois et surtout en coltan, élément indispensable pour nos téléphones et ordinateurs portables et consoles vidéo. "Le Rwanda de Kagamé est devenu un remarquable exportateur de ce minerai alors qu'il n'en existe pas dans le sous-sol rwandais." Dans plusieurs de ses rapports l'ONU mentionne le Rwanda comme un acteur majeur de l'exploitation illégale des ressources naturelles en RDC.
"La communauté internationale avait déjà choisi ses victimes, les bonnes victimes , celles qui méritaient d'être défendues et dont la mémoire méritait d'être honorée."
Je suis allé deux fois au Rwanda. J'ai rencontré le Président Kagamé. Il m'a fait l'effet d'un homme intelligent, d'un cynisme absolu. Instrumentalisant la mémoire du génocide à son profit politique. Très anti-français, puisque la France a osé tenter de protéger des camps de réfugiés fuyant ses soldats, puis mandater un juge qui l'a mis directement en cause dans l'assassinat des deux présidents, donc dans le déclenchement du génocide.
Aujourd'hui la presse internationale salue la réussite économique du Rwanda, sans jamais mentionner que celle-ci a été largement construite sur le pillage des richesses de l'Est du Congo. Et que ce pillage continue.
Toutes les organisations de Droits de l'Homme soulignent l'absence totale de démocratie , de liberté d'expression ou d'organisation politique. Les opposants sont en prison, ou s'enfuient à l'étranger, éventuellement y sont assassinés. Le président tout puissant décide qui a le droit d'être candidat, aussi bien à la présidentielle qu'aux législatives. Même les USA, qui sont largement responsable de l'arrivée au pouvoir de Kagamé, commencent à le trouver un peu encombrant.
Les Tutsi anglophones, venus d'Ouganda, ultra-minoritaires, accaparent le pouvoir. Pour le garder, ils ne peuvent se permettre de devenir démocrates...
17:43 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rwanda
02/08/2017
Hidden Figures
Figures de l'ombre
de Théodore Melfi
avec Traji P Hensen, Octavia Spencer, Janelle Monae
Kevin Coster, Mahershala Ali
en VOD
Début des années 60, au centre de recherches de la NASA. La course à l'espace bat son plein. L'URSS a une longueur d'avance puisqu'elle a envoyé Youri Gargarine dans l'espace.
Le film est basé sur une histoire vraie, méconnue, et qui mérite d'être racontée.
A la NASA toute une équipe de mathématiciennes, femmes noires donc "dans l'ombre", pour ne pas dire "cachées", pour reprendre le titre original. Cantonnées dans un bâtiment séparé.A l'heure où la ségrégation est encore la règle, dans un Etat (la Virginie) où les établissements scolaires et les bibliothèques, sans parler des bus, séparent les gens selon la couleur de la peau, impossible de montrer qu'une femme peut être l'égale d'un homme, une noire l'égale d'une blanche, pire encore une femme noire supérieure , en mathématiques, aux hommes blancs.
Kevin Coster incarne un chef de service, habité par sa mission, qui passe allègrement au dessus de ces obstacles qui empêchent d'utiliser au maximum tous les talents. L'astronome John Glenn, qui joue sa vie, va dans le même sens.
Peut-être un peu trop américain dans le style "feel good".
Très bien joué par trois actrices rayonnantes.
A noter la présence de Janelle Monae et Mahershala Ali qui jouaient ensemble dans Moonlight, Oscar du meilleur film cette année.
08:36 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
01/08/2017
Dans les Cévennes après la révocation de l'Edit de Nantes
La nuit des Camisards
de Lionel Astier
mise en scène Gilbert Rouviere
Le spectacle commence par la proclamation de l'édit de Fontainebleau, plus connu sous le nom de "révocation de l'édit de Nantes" (1685).
Louis XIV a écouté ses courtisans qui lui affirmaient qu'il restait peu de tenants de la "religion prétendue réformée" en son royaume de droit divin. Il met fin à la tolérance concernant la liberté de cultes.
Un saut dans le temps amène les spectateurs en 1702. La répression royale bat son plein. Les récalcitrants sont envoyés aux galères. Certains font mine de se convertir, assistent aux messes, mais se retrouvent clandestinement dans le "désert".
C'est pour cette raison que la pièce est jouée en plein air, dans un lieu de rassemblement, après une courte déambulation. Les acteurs prennent la fuite à l'arrivée des forces de répression.
Heureusement, le texte n'est pas manichéen, et il existe des "fous de Dieu" dans les deux camps, certains d'être les messagers de la volonté divine.
La notion de "liberté de conscience", bien connue aujourd'hui en Europe n'est manifestement alors qu'une idée vague sinon incongrue.
Le spectacle est joué depuis bientôt dix ans, avec le même succès. Après les carrières de Junas, il est actuellement au Pont-du-Gard.
16:58 Publié dans Téâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, histoire
23/07/2017
Depardieu en BD
Gérard
Cinq années dans les pattes de Depardieu
Mathieu Sapin
couleur : Clémence Sapin
éditions Dargaud
Gérard Depardieu, tout le monde connait. Mathieu Sapin, un peu moins. J'ai lu, avec plaisir, deux reportages en BD dont il est l'auteur : la campagne de François Hollande en 2012, et la vie quotidienne à l'Elysée.
Avec l'accord de l'acteur, il l'a suivi sur des tournages de films, à des rendez-vous d'affaires, et dans son intimité, y compris quand il est au téléphone, et même sous la douche...
L'album se termine par les réactions de Gérard devant le projet de BD en voie d'être finalisé.
Le portrait est sans complaisance, en particulier concernant ses relations avec Poutine et Kadyrov, le dictateur tchetchène, sans parler de l'Azerbaïdjan ni du Kazakhstan, mais il est bien difficile de ne pas trouver sympathique ce "monstre" excessif en tout, en particulier à table, mais aussi dans sa culture acquise au fil des films.
Discutable mais jamais "minable", contrairement au mot maladroit de Jean-Marc Ayrault.
17:29 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, cinéma
22/07/2017
Meurtre dans les jardins de Versailles
Le moine et le singe-roi
Olivier Barde-Cabuçon
Une enquête du commissaire aux morts étranges
éditions Actes noirs / Actes Sud
Le "moine", c'est le père du Chevalier de Volnay. Il est habillé d'une robe de bure en signe de pénitence, mais n'a rien de religieux Un exemple parfait d'esprit libre du "siècle des Lumières". Dans ce volume, il vole largement la vedette au "commissaire aux morts étranges", en particulier par son impertinence. Son idéal "serait que les hommes se régulent entre eux sans avoir besoin de divin ou d'absolu."
Le "singe-roi" n'est rien moins que le roi Louis XV. "Souverain butant contre son mur d'ennui." "Pas d'enthousiasme, encore moins de conviction." "Il continuait d'autant plus ses débauches qu'il croyait au pardon divin." "C'était le temps de la colère." (du peuple !)
Même époque que les romans de Jean-François Parot, mais pas du tout le même esprit. Pas le même style d'écriture non plus. Parot m'agace souvent par sa trop grande admiration pour Louis XV puis XVI. Mais son style est original par son décalage avec l'écriture contemporaine habituelle.
Je n'avais pas particulièrement apprécié la première enquête de ce commissaire spécial, lui aussi sous les ordres de Sartine. J'ai donc été heureusement surpris par ce nouvel opus. Avec un petit bémol : Diane de Poitiers n'était pas la maîtresse d'Henri IV mais d'Henri II, avec la particularité, rare déjà à l'époque, d'une grande différence d'âge inverse au sens habituel. Mais il s'agit probablement d'une coquille typographique...
"A Versailles, on ne parle pas, on médit."
"On ne pense ici qu'à comploter, manipuler, se gaver et forniquer."
"Ici, l'apparence a plus d'importance que la réalité. Cette étiquette entérine la soumission de la noblesse à l'autorité du roi."
"Il n'existe pas de droit naturel mais seulement un droit régalien. C'est la raison d'Etat qui décide de tout."
08:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire