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19/05/2016

La clé de la Révolution française...et de la nature humaine

Sieyès

La clé de la Révolution française

Jean-Denis Bredin

de l'Académie française

éditions de Fallois

 

Singulière destinée que celle de l'abbé Sieyès qui se rend célèbre en janvier 1989 avec son pamphlet "Qu'est ce que le Tiers Etat ?"...et qui termine sa vie comme comte, avec des armoiries, et pair de France. Sans parler de sa "Grand-croix de la Légion d'honneur ."

"En 1789, il avait excommunié les privilèges, les honneurs qui "corrompent l'opinion et dégradent les âmes."

Entre le moment, glorieux, où il propose aux représentants du Tiers-Etat (il n'est pas parvenu à se faire élire par le clergé) de se constituer en "Assemblée Nationale", et le moment, moins glorieux, où il sert de marchepied à Bonaparte,  le 18 Brumaire, Sieyès s'est fait discret, surtout pendant la Terreur. Il ne réapparait qu'après la chute de Robespierre. "Responsable de 1789, innocent de 1793".  Chef du gouvernement après le coup d'Etat de Prairial, Directeur en 1799, donc bien placé pour organiser le coup d'Etat au profit d'un futur empereur.

Cette vie, qui a duré quatre-vingt-huit ans, est l'occasion pour Jean-Denis Bredin de raconter l'époque, en particulier les soubresauts de la Révolution.

Jean-Denis Bredin n'est pas historien mais juriste . Sieyès semble avoir été un "juriste de la Révolution", un spécialiste de droit constitutionnel au moins autant qu'un homme politique, même s'il a été élu plusieurs fois dans les différentes assemblées parlementaires, ayant présidé certaines,  avant d'être nommé, par Bonaparte,  président du Sénat. Sieyès est un légaliste. Bonaparte avait besoin de sa caution.

Théoricien du système représentatif, la dernière Constitution portant la marque de ses idées, imaginera des "représentants" cooptés et non élus.

Pas étonnant qu'un prêtre "de base" ait critiqué le systèmes de séparation de la société en trois ordres. "L'épiscopat était devenu l'apanage des familles nobles. Plus un seul roturier sur les 130 évêques de France. L'Eglise, comme l'armée, était devenu le champ clos de la noblesse."

 

 

16:01 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire

17/05/2016

Le dossier noir de la relation franco-syrienne

Les chemins de Damas

Christian Chesnot et Georges Malbrunot

éditions Robert Laffont

 

Le régime syrien n'en finit pas de massacrer son peuple. Les auteurs,  journalistes, l'un à France Inter, l'autre au Figaro décortiquent les relations entre la France et la Syrie.

L'histoire avait bien commencé,  en 1920,  quand la France s'est vue attribuer un "mandat" de gestion de la Syrie et du Liban. La France avait alors favorisé l'émancipation de la minorité alaouite, malmenée par l'empire ottoman, lui octroyant, de plus, un "Territoire" autonome.

Le livre s'ouvre par l'assassinat de l'ambassadeur français à Beyrouth, en 1981. Puis par les attentats de la rue Marbeuf et de la rue des Rosiers en 1982. Crime de la France, aux yeux du régime syrien : avoir sauvé Arafat, encerclé dans Beyrouth. "Pour Damas, qui s'est toujours considéré comme le propriétaire de la cause palestinienne, Arafat est un concurrent qu'il ne faut pas défendre."

"C'est le souvenir de tous ces assassinats qui a entretenu ensuite l'hostilité d'une large partie du Quai d'Orsay à l'encontre de la Syrie."

"Aux obsèques du raïs syrien, Jacques Chirac est le seul chef d'Etat occidental à être présent." "Une fois au pouvoir,Bachar recevra chaque vendredi matin un appel de Jacques Chirac." Celui-ci se rendra compte que le chef de l'Etat syrien n'écoutait pas ses conseils. Même s'il avait eu des velléités de réformes, les durs, et les prédateurs,  du régime ne l'auraient pas permis. "Sous Hafez, il y avait une forme de redistribution. Sous Bachar, on passe directement à la prédation."

"La coopération a porté ses fruits. Nous avons pu déjouer nombre d'attentats ciblant la France"."Si les dommages sur la vie de nos soldats déployés au Liban dans le cadre de la FINUL ont pu être évités, c'est en grande partie grâce à la coopération sécuritaire franco-syrienne."

Mais Chirac ne pardonnera jamais l'assassinat de son ami proche Rafic Hariri.

Quand Sarkozy est élu, "sa seule ligne de conduite, c'est de faire de l'anti-Chirac." "Il va plaider la cause du président syrien partout et même jusqu'à Washington."

 Quand la révolte éclate en 2011, "ils ont réagi comme un régime qui se sait minoritaire :en usant d'une force extrême pour survivre." En face "les intégristes sont hostiles à une révolte pacifique parce que, justement, peu représentés à l'intérieur." "Le pouvoir durcit son implacable combat contre les opposants pacifistes." "L'arrivée des premiers djihadistes étrangers sur le sol syrien permettra au régime de justifier sa théorie du complot."

Le Quai d'Orsay, tenu alors par Alain Juppé, va commettre l'erreur de "croire dur comme fer qu'Assad va tomber." "Il ne voulait pas savoir si le régime allait tenir, mais comment il allait tomber." "Une question de semaines."

L'axe Moscou / Téhéran / Damas / Beyrouth a été complètement sous estimé.

On a assisté à "la montée en puissance de l'aide militaire russe", "l'entrée en force des combattants du Hezbollah". "L'Iran également apporte son soutien financier."

"On a cru qu'on allait convaincre les Russes de voter une résolution contre la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU..."

Fabius va poursuivre la même ligne. "Dans l'équation syrienne, Laurent Fabius va snober Iraniens et Russes." "Comment espérer résoudre la tragédie syrienne sans les associer ?"

"Les Américains ont réalisé que les soi-disants "zones libérées" voulues par la France étaient en fait en train de tomber sous la coupe des groupes djihadistes." "Les Américains ont été très tôt conscients des lacunes de l'opposition et du danger que représentaient les djihadistes." "Le Conseil militaire supérieur de l'Armée syrienne libre est miné par la corruption." "Le Conseil national syrien est occupé par ses querelles intestines."

"L'afflux de militants djihadistes partant des grandes villes françaises pour rejoindre le champ de bataille syrien est une forme de défaite pour la France."

Maintenant, il faut "maintenir les opposants de la Coalition nationale syrienne en respiration artificielle, mais la priorité désormais est d'empêcher la sanctuarisation d'un califat djihadiste moyenâgeux au coeur du Moyen-Orient."

 

 

15/05/2016

Tout sur un organe mal aimé

Le charme discret de l'intestin

Giulia Enders

éditions Actes Sud

 

Un grand succès de librairie qui ne se dément pas. A croire que nous avons toutes et tous eu, à un moment ou un autre, des problèmes avec nos intestins ! Et, puisque nos intestins sont notre "deuxième cerveau", ce qui s'y passe semble avoir une grande influence sur notre humeur, notre peau, etc. Autant de sujet qui, a priori, ne semble rien à voir avec les intestins.

Succès international non seulement en raison du sujet traité, après tout il y a déjà eu d'autres livres sur cet organe, mais probablement parce que la question est traitée avec humour. Cette scientifique parle de tout cela comme une sale gosse au stade "pipi/caca". Le "carnet scatologique" a été le plus repris par la presse !"L'art de bien chier en quelques secondes" nous concerne tous, et pourtant rarement traité avant ce livre, au moins de cette façon.

Commencé par "la visite guidée du tube digestif, le livre se termine par "la planète microbienne" qui y habite, et donc qui nous habite.

 

J'ai appris plein de choses. Par exemple :

"Se pourrait-il que notre tendance à manger pour faire passer une frustration, ou une angoisse, ait un rapport avec les vertus de notre salive ?"

"95% de la sérotonine (la molécule du bonheur !) que nous produisons nous mêmes est fabriquée dans les cellules de l'intestin."

"Notre microbiote intestinal peut peser jusqu'à 2kg et héberge environ 100 millions de bactéries"

"80% de notre système immunitaire est localisé dans notre intestin"

"Les bactéries constituent 90% de notre population intestinale."

"Un yaourt, ce n'est rien d'autre que du lait prédigéré par des bactéries"

"En Europe, des milliers de personnes meurent à cause de bactéries devenues si résistantes qu'aucun médicament ne peut plus les combattre." (mauvaise utilisation des antibiotiques)

 

 

16:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : santé

12/05/2016

Rome et les mafias

Suburra

Carlo Bonini

Giancarlo De Cataldo

éditions Métaillé / Noir

 

"Suburra, l'antique quartier des lupanars chanté par Pétrone. Demeure d'une plèbe violente et désespérée qui des siècles auparavant s'était faite bourgeoise."

Les auteurs sont l'un magistrat, déjà auteur du remarquable "Romanzo  criminale", et l'autre journaliste au quotidien La Repubblica.

Le roman raconte un grand projet immobilier allant de la capitale jusqu'à la mer. Bien évidemment, celui-ci ne peut se faire sans politiciens corrompus, et sans que les différentes mafias ne s'en mêlent pour en tirer profit. Avec un effort pour ne pas se faire la guerre le temps de l'opération. Sans oublier l'implication de "notre Sainte Mère l'Eglise", dont la banque est indispensable pour laver l'argent sale du trafic de drogue qui sera investi dans le projet. Ni omettre la complicité de magistrats et de policiers.

En face un colonel de gendarmerie, appuyé par un général de son corps, mais entravé par un autre, et un procureur intègre.

Une image très noire de la société italienne.

 

"Qu'est-ce que vous parlez compliqué, vous, les gens de gauche"

"Toute modération serait balayée par le vent impétueux du conflit"

"Une de ces idéalistes confuses qui déblatéraient sur un nouvel ordre sans tenir un minium compte de la réalité."

"La philosophie est violence, souffrance. Parce qu'il n'est pas possible de penser décemment sans se faire mal."

"La haine sociale bientôt submergera l'Europe des banquiers"

"En politique le passé et l'avenir n'existent pas. En politique, seul le présent existe."

 

08:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar

10/05/2016

Michel Rocard raconte son itinéraire

"Si ça vous amuse"

Chroniques de mes faits et méfaits

Michel Rocard

"J'ai lu" collection "biographies" n°10480

 

"Si ça vous amuse"...J'imagine bien François Mitterrand lançant cette réplique à "son" Premier Ministre qu'il supportait si mal.

Depuis son adolescence chez les scouts ("école des relations humaines"), jusqu'à ses engagements actuels, à plus de 80 ans.

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les pages consacrées au PSU, parti dont il fut le Secrétaire national, et dont je fus le candidat aux élections législatives de 1973. Et les chapitres consacrés à son expérience au Parlement européen, où j'ai souvent eu l'occasion d'échanger avec lui, en particulier à propos de son combat pour préserver l'Arctique, qu'il poursuit aujourd'hui.

Les chapitres consacrés à ses expériences gouvernementales ne sont pas les moins intéressants.

 

"La France a une vraie infirmité qui est la quasi-inexistence du dialogue social."

"Le capitalisme international a de moins en moins besoin de l'Etat pour réaliser ses desseins."

"Le vin n'est pas un produit. C'est une civilisation"

"La matière première de toute politique est faite d'attitudes, de perceptions, de sensibilités beaucoup plus que de références à des faits exacts."

"Le terrorisme sera éradiqué de Palestine quand le peuple palestinien pourra espérer une autre vie."

"La France et l'Europe peuvent et doivent accueillir toute la part qui leur revient de la misère du monde." "La solution principale se trouve dans la croissance économique des pays d'origine".

"70% de l'eau potable disponible est consommée par l'agriculture."

"Il n'y a de légitimité internationale à empêcher, au besoin militairement, la prolifération qu'à la condition que les détenteurs officiels de l'arme nucléaire l'abandonnent, ce qu'il ne peuvent faire qu'ensemble , et par la négociation."

"Dans les pays développés, un quart au moins de la population est soit en situation précaire, soit au chômage, soit pauvre."

"La survie de l'humanité va exiger des règles, des impôts, des interventions et des régulations publiques."

"Il n'est pas de négociation sans secret."

"La découverte de la complexité est largement synonyme de la découverte de l'impuissance."

 

 

 

 

08:40 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poliique