30/01/2008
Allez en Mauritanie !
J'ai rencontré cette semaine un ami de longue date, député mauritanien.
Il m'a supplié de vous dire de venir visiter la Mauritanie, vite.
Un mois après l'assassinat de quatre touristes français, au bord d'une route, le tourisme mauritanien est en crise.
L'annulation du "Paris-Dakar" a, non seulement, représenté un manque à gagner estimé à 3 millions d'euros, mais la publicité négative de cette annulation a provoqué une chute vertigineuse et catastrophique de la fréquentation. Chauffeurs et guides ont été licenciés. Hôtels et restaurants sont vides, Atar et Chinguetti, aux portes des immenses dunes de sable, ont des allures de villes fantômes.
C'est beau le désert ! On pense à Saint-Exupéry ("Dessine moi un mouton..."). On est confronté à l'infini de la terre et du ciel.
Les hommes sont en blanc, les femmes sont en noir. Tout le monde a le visage caché pour se protéger du vent, du sable...et du mélange des deux, surtout quand la tempête se lève.
En fait, je garde le souvenir de deux déserts mauritaniens, très différents l'un de l'autre :
- D'une part la route de Nouakchott, la capitale, à Nouadhibou, deuxième ville du pays et port de départ des clandestins qui risquent leur vie vers les Canaries : des heures de voitures dans une étendue plate, sans ombre. De temps à autre quelques chameaux. Et curieusement, le long de la route, quelques cabanes. Et devant les cabanes, des Mercedes ou des BMW. Je n'ai jamais pu croire que le lait de chamelle pouvait rapporter autant...
- D'autre part, les dunes de l'Adrar qui permettent de voir naître 1000 et 1 étoiles, les palmeraies ensablées, l'eau que l'on va chercher si profondément, les ruines de Ouadane. Partout, la lutte contre le sable.
A tout moment je me suis senti en totale sécurité.
Pour rassurer les touristes, tout le dispositif de protection a été renforcé.
Dépêchez vous d'y aller : avant l'arrivée des fortes chaleurs, en avril.
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17/01/2008
Aider le Kenya
Les Socialistes européens appellent l'Union européenne d'apporter immédiatement son aide au Kenya pour sortir de sa crise politique, en lui fournissant l'appui logistique et financier.
Les Socialistes européens sont particulièrement sensibles, tant au respect des préceptes démocratiques et à la transparence qui auraient du présider à ces élections qu'à la résolution des terribles problèmes de pauvreté dont sont victimes des millions de Kenyans. Les députés Socialistes européens condamnent fermement les violences qui ont entrainé la mort de centaines de personnes et la fuite de centaines de milliers d'autres et demandent aux protagonistes du pays d'appeler leurs "troupe" au calme et de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour rétablir la confiance aux institutions et au processus démocratique.
En attendant cette difficile réconciliation et aux fins de l'obtenir le plus vite possible, les socialistes européens soutiennent tous les efforts entrepris par l'Union africaine et ses dirigeants et apportent leur appui total à Kofi Annan qui est chargé de cette délicate entreprise, favorisant ainsi une solution africaine au conflit en cours.
L'élection au poste de Président du Parlement d'un représentant de l'opposition kényane, pourrait alimenter la tension.
Par ailleurs, les socialistes européens souhaitent que la Commission européenne, qui a débloqué 5 millions d'euros d'aide d'urgence pour les personnes déplacées par les violences, reste particulièrement vigilante à l'évolution de la situation et qu'elle accompagne chaque étape de celle-ci en vue d'en faciliter la bonne issue.
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29/12/2007
Rwanda : retour sur un génocide
En fait, mélanger le génocide des Tutsis et l ' opération "Turquoise" entraîne une certaine confusion.
Quand l ' armée française est arrivée, conformément au mandat de l ' ONU, pour protéger les populations civiles, les forces tutsies de Kagamé avaient déjà pris Kigali et le pouvoir, et ce ne sont plus les populations tutsies qui fuyaient, car elles pouvaient espérer être protégées par l ' armée de Kagamé, mais des centaines de milliers de Hutus.
Le film "Hôtel Rwanda", très touchant au demeurant, masquait de la même façon le phénomène de cette fin de guerre "civile" : Kagamé n ' était pas accueilli comme un libérateur : ce n ' était pas De Gaulle en 1944 : plus de 2 millions de civils fuyaient à l ' approche de ses troupes, vers le Zaïre, le Burundi, la Tanzanie. Certains vivent encore dans ces pays, dans des camps de réfugiés.
Parmi eux il y a, il y avait, incontestablement, des génocidaires et des responsables du génocide.
Il y avait des génocidaires, parce que la folie meurtrière, armée d ' instruments agricoles comme les machettes, s ' était emparée de la population, organisée en milices villageoises, effrayée par le retour, en armes, des anciens maîtres tutsis, évincés du pouvoir par la démocratie majoritaire, conduits par Kagamé, le neveu de l ' ancienne Reine.
Il y avait des responsables du génocide, qui avaient fui, en se fondant dans la masse des fuyards.
Le but de l ' opération "Turquoise", décidée par le Conseil de sécurité de l ' ONU, était de prendre les forces de Kagamé de vitesse, pour protéger les populations hutus qui fuyaient. C ' était effectivement trop tard, malheureusement, pour les Tutsis.
Où étaient les casques bleus pendant le génocide des Tutsis ? Aux abris, à peine capable de se protéger eux mêmes. Ils avaient été envoyés au Rwanda comme garants d ' un accord de paix que Kagamé était bien décidé à ne pas respecter, car ce qu ' il voulait, c ' était conquérir le pouvoir. Quand l ' ONU a constaté que l ' accord de paix n ' était pas respecté, après le massacre d'une dizaine de casques bleus belges, elle a rappelé les casques bleus.
Dans "La danse du léopard" (Actes Sud), la journaliste belge Lieve Joris raconte comment les troupes de Kagamé ont poursuivi les Hutus à travers tout le Zaïre : les reliquats de l ' armée défaite du gouvernement déchu, mais aussi les femmes et les enfants qui étaient avec eux, mourant de faim, de maladies, d ' épuisement.
Ce "contre-génocide" n ' excuse en rien le génocide. Il n ' y a pas les gentils d ' un côté, ceux qui ont gagné la guerre, et les méchants de l ' autre, ceux qui ne sont toujours pas désarmés. Comme cela est montré dans le film, l ' armée française les a laissé partir sans les désarmer : par souci de protection des populations hutus ? Par espoir de reconquête ? Aujourd ' hui, treize ans après, ces soldats d ' infortune terrorisent les populations de l ' Est du Congo, pour survivre, ayant perdu tout espoir de rentrer en vainqueurs dans leur pays.
Il ne faut, malheureusement, pas croire que le phénomène soit spécifiquement africain : souvenez-vous d ' Oradour, dans le Limousin : les soldats de la division "Das Reich", dont de nombreux Alsaciens, enfermant femmes et enfants dans l ' église du village avant d ' y mettre le feu.
Autre reproche fait à la France et à l ' armée française : avoir soutenu le gouvernement en place. C ' est tout à fait vrai. La France avait un accord de coopération, y compris militaire, avec le gouvernement légal, internationalement reconnu du Rwanda. Mais en face, qui a formé les troupes de Kagamé ? ? Qui lui a fournit les armes qui lui ont permis de prendre le pouvoir ? Tout le monde connait la réponse : les Américains !
Le gouvernement soutenu par la France, tout légal qu ' il était, n ' en était pas moins corrompu. Les élections étaient truquées. Cela arrive, trop souvent, en Afrique.
Kagamé n ' a même pas fait semblant, pendant longtemps, d ' organiser des élections, et quand il l ' a fait, il a interdit tous les partis d ' opposition. Son armée a largement pillée les richesses de l ' Est du Congo.
Juvénal Habyarimana était un "fils de pute". Mais, comme aurait dit Kissinger, c ' était "notre fils de pute". Il a été assassiné et remplacé par un autre "fils de pute", venu d ' Ouganda. De qui Kagamé est-il "le fils de pute" ? Kagamé, et ceux qui l ' ont financé et armé, n ' ont-ils vraiment aucune responsabilité dans le déclanchement du génocide, qu ' ils utilisent, politiquement, sans scrupules, aujourd ' hui ?
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28/11/2007
Congo : une crise humanitaire comparable à celle du Darfour
La crise humanitaire du Kivu n’est-elle pas comparable à celle du Darfour ?
350.000 déplacés internes depuis le début de l’année, portant à plus de 800.000 le nombre de ces déplacés, sans compter les dizaines de milliers de réfugiés qui, eux aussi, fuient leurs village et continuent à affluer dans les pays voisins.
Des centaines de milliers vivent, ou survivent, dans des camps, mais des dizaines de milliers d’autres restent inaccessibles aux secours.
Malgré les efforts des agences des Nations-Unies et des ONGs soutenues par l’Union européenne, les maladies comme le choléra et la rougeole se développent.
Il y a urgence à lutter contre les causes profondes de cette situation que sont les violences causées par les forces si justement qualifiées de « négatives ».
Il faut assurer la sécurité des populations, qu’elles puissent vivre et travailler en paix.
Il faut que l’Etat de droit, qui existe dans les textes, soit appliqué, et que ceux qui le violent, comme ils violent les femmes et les petites filles, que ceux-là soient certains qu’ils ne bénéficieront d’aucune impunité, qu’ils seront poursuivis, arrêtés et jugés, éventuellement par la « Cour pénale internationale » pour les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, comme Thomas Lubanga et Germain Katanga.
Pour faire cesser ces violences, il faut désarmer toutes les milices armées, tous les groupes armés illégaux, au Nord comme au Sud Kivu, quelles que soient leurs motivations.
Tous ces combattants prétendent agir au nom des civils, mais ces civils sont leurs victimes et leurs otages.
Comme dans tous nos pays, seuls les élus, et non pas les groupes armés, représentent les populations.
Il faut désarmer les milices et les groupes armés illégaux, de façon pacifique, par la démobilisation et la réintégration, si cela est possible.
Si cela n’est pas possible, il est grand temps de mettre fin à ce problème par une politique active dans laquelle la communauté internationale doit prendre toutes ses responsabilités en donnant à la MONUC le mandat et les moyens d’apporter à l’armée congolaise une aide assez forte pour être décisive.
Il fait assurer la sécurité des populations de la République Démocratique du Congo, le développement de ce pays, la sortie de la misère de ses habitants sont à ce prix.
Et les pays voisins ont tout à y gagner, eux aussi.
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18/11/2007
Aire sur Rwanda
Qui sont les gentils ? Qui sont les méchants ? Qui a commencé ?
Les réponses à ces questions varient, selon les interlocuteurs...
Qu'est ce qui peut amener une telle haine entre êtres humains, au point de vouloir détruire l'autre ?
Pourquoi cette volonté de puissance et de pouvoir, au prix de la "terre brûlée" ?
Pourquoi les mécanismes de règlement du conflit ont-ils été inopérants ?
Pourquoi les institutions ayant la responsabilité d'apaiser le conflit et de trouver des compromis, ont elles préféré la politique du pire, jusqu'à la catastrophe ?
800.000 morts, cela relativise nos "bisbilles" airoises.
Je me pose une terrible question : la mécanique de l'affrontement est-elle si différente ?
08:15 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (6)