12/07/2011
Quelques réflexions sur l'Afrique
"L'Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au Nord et au Sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité"
Patrice Lumumba, dernière lettre avant son assassinat.
1 milliard de voisins
Un pilier des relations extérieures de l'UE
Le continent africain est à notre porte.
Malgré la fin de la "Guerre froide", son importance géostratégique est plus grande que jamais, en particulier en raison de ses richesses naturelles.
Ce qui s'y passe a des répercussions, parfois très rapidement, au sein de l'Union européenne.
C'est pour cette raison qu'elle y intervient à travers l'aide humanitaire, l'aide au développement, l'aide en matière de sécurité. La majorité des opérations de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense a eu lieu sur le continent africain.
Le partenariat entre l'Union africaine et l'Union européenne est un modèle unique et sans équivalent dans le monde de coopération.
Seule une réponse européenne est à la mesure des défis posés sur le continent africain.
Les relations avec le continent africain constituent une priorité qui doit figurer en tête de l'agenda de l'Union européenne, de sa Haute Représentante pour les affaires étrangères et de son Service Européen d'Actions Extérieures.
Il fut insister particulièrement sur la nécessaire cohérence entre les différentes politiques de l'Union européenne, qui ne doit pas se contenter d'être un bailleur de fonds, et leurs répercussions pour l'Afrique.
Migration (interne et vers l'extérieur)
Les migrations du continent africain vers l'Union européenne sont présentées par les forces racistes comme une nuisance et une menace. L'arrivée, par bateaux, au péril de leur vie, de milliers d'Africains, frappe les opinions publiques.
On estime à 3 millions et demi le nombre d'Africains vivant au sein de l'Union européenne, dont deux millions de Maghrébins, alors que l'Afrique compte 40 millions de migrants, à l'intérieur du continent !
Les migrations ont toujours été le reflet d'une nécessité économique des deux côtés. Aujourd'hui encore, si les Africains quittent leurs pays pour chercher une vie meilleure, leur arrivée répond à une demande massive de main d'œuvre dans les domaines de l'agriculture et des services, dans certains pays européens.
Les priorités :
- Le développement des pays africains, pour que les Africains puissent vivre et travailler dans leurs pays ;
- L'égalité des droits pour tous les travailleurs, ce qui implique une lutte renforcée contre les emplois illégaux et une politique sociale européenne dynamique ;
- Les transferts de savoirs et de technologies de l'Union européenne vers
l'Afrique, ce qui implique de lutter contre la "fuite des cerveaux" ;
- La lutte contre les trafics d'êtres humains.
à suivre
08:27 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0)
15/06/2011
deux poids, deux mesures
Madagascar : s'en tenir aux principes
Depuis deux ans Mr Rajoelina a pris le pouvoir avec l'aide d'une partie de l'armée.
Il a été suspendu de l'Union africaine, et de son organisation régionale la SADC.
Lui et ses proches sont interdits de visas.
L'Union européenne a suspendu sa coopération.
A deux reprises il s'est engagé à partager le pouvoir, dans le cadre d'une transition vers des élections démocratiques...et n'a jamais tenu ses promesses !
Le Parlement européen vient donc d'adopter une résolution qui rappelle quelques principes fondamentaux :
- Une prise du pouvoir par d'autres moyens que des élections n'est pas légitime ;
- Les auteurs de ce qu'il faut bien appeler un "coup d'Etat" doivent être sanctionnés ;
- Un pouvoir ainsi installé n'a aucune légitimité pour nommer des parlementaires ou pour organiser des élections ;
- Les gens qui conduisent une transition vers la démocratie ne doivent pas être candidats aux premières élections marquant la fin de cette transition.
Le parlement européen, regrettant l'échec des tentatives de médiations africaines, demande donc que l'Union européenne prenne les mêmes sanctions que l'Union africaine : interdiction de visas, et que des élections soient organisées sous contrôle international.
Ayant quelques responsabilités dans la rédaction du texte, j'ai été accusé :
a) de néocolonialisme. J'assume le "néocolonialisme" qui consiste à demander que l'Union européenne adopte les mêmes sanctions que l'Union africaine ;
b) d'ingérence. J'assume le fait de demander que la communauté internationale s'ingère dans les affaires intérieures d'un pays dont les dirigeants n'ont pas été élus, pour y contrôler l'organisation d'élections libres et non truquées, car cela peut éviter des guerres civiles.
Il y a peu la communauté internationale prenait de lourdes sanctions, efficaces, contre Laurent Gbagbo parce qu'il s'accrochait au pouvoir après avoir perdu les élections.
Mr Rajoelina n'a pas fait semblant de gagner les élections pour prendre le pouvoir.
Les peuples d'Afrique acceptent mal le système du "double standard".
Jusqu'à la dernière minute le "Quai d'Orsay" a tenté, en vain, de persuader les députés européens de voter contre ce texte, tant il est vrai qu'aux yeux de notre Président il y a bien deux poids et deux mesures, selon que l'on est de ses amis, ou non.
08:57 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique
11/04/2011
côte d'ivoire : un gâchis, des échecs
Côte d'ivoire : ce n'est pas Hollywood !
Les films made in Hollywood sont généralement faciles à comprendre : il y a les gentils et les méchants, généralement très méchants et faciles à reconnaître.
Ce manichéisme se répercute sur le traitement de l'information, en particulier télévisée, et pas seulement aux USA !
Le gâchis ivoirien actuel me semble être le résultat d'une succession d'échecs.
L'échec de la voie électorale : l'organisation des élections en Côte d'Ivoire a coûté 400 millions d'euros, ce qui n'a pas empêché la contestation des résultats. Gbagbo a commis une erreur fondamentale en croyant les sondages qui le donnaient largement vainqueur. Il est sincère, et il a malheureusement raison, quand il montre du doigt les pays africains où personne ne cherche noise à des potentats, au pouvoir depuis des lustres, avec des scores dignes de Ben Ali et Moubarak.
Quand je vois le Président mauritanien venir en médiateur, je ne peux pas oublier qu'il a pris le pouvoir par les armes, en déposant le Président élu.
L'échec de la voie légale : Ouattara, installé au pouvoir par la force des urnes, mais aussi par la force des armes françaises, ne verra pas son élection ratifiée par le Conseil constitutionnel ivoirien.
Il est certain que le Conseil constitutionnel ivoirien, qui a proclamé élu Gbagbo, est composé d'amis du Président sortant. Mais n'est-ce pas le cas dans beaucoup d'autres pays, à commencer par la France ?
Il est clair que la Constitution ivoirienne ne donne pas le pouvoir de proclamer les résultats au Conseil constitutionnel, mais il ne donne pas, non plus, ce pouvoir à la commission électorale ou à l'ONU.
La légalité est ici victime des contradictions de la Constitution ivoirienne.
L'échec de la voie diplomatique : quand Ouattara a lancé ses troupes à l'assaut, il a fait fi des efforts diplomatiques en cours. Peut-être avaient-ils trop duré ? Le fait est là : lui et ses troupes ne croyaient pas, ou plus, à la diplomatie pour lui permettre d'occuper le poste pour lequel il a été élu.
L'échec de l'Union africaine : incapable de trouver une solution africaine à un problème africain, ni par la diplomatie, ni par la force. Les casques bleus viennent très majoritairement du Pakistan et du Bengladesh, pas d'Afrique. C'est l'ancienne colonie qui retrouve ses réflexes de gendarme, sous mandat de l'ONU, il est vrai. Ce n'est pas par hasard que ce n'est pas à l'Union africaine que l'ONU a donné mandat d'appliquer ses décisions. L'organisation africaine en est bien incapable, et pas seulement pour des raisons financières.
L'échec de l'ONU : l'ONU a été incapable de protéger les civils (combien de centaines de morts ?). Et pour appliquer sa propre résolution, décidant de détruire les armes lourdes menaçant les civils, c'est à la France, plus qu'à "ses" troupes que le Secrétaire général de l'ONU a demandé de passer à l'action.
La principale question maintenant est : sera-t-il possible de tirer les leçons de ces échecs afin d'éviter d'autres tragédies, d'autres centaines de morts ?
10:31 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : côte d'ivoire
05/01/2011
Sud Soudan : le droit des peuples à disposer d'eux mêmes
Soudan : vers un évènement historique ?
Avec l’éclatement de l’URSS et de la Yougoslavie, l’Europe a connu la création, ou la renaissance, de nombreux nouveaux Etats. Certains n’étant pas reconnus par la communauté internationale.
Il n’en est pas de même sur le continent africain, où les Etats, issus de la (dé)colonisation, ne correspondent à aucun découpage ethnique, et où tous les chefs d’Etats et de gouvernements ont été d’accord pour ne pas toucher aux frontières, justement du fait de leur caractère artificiel. La seule exception, après une longue guerre civile, a été l’Erythrée.
Après vingt ans de guerre meurtrière, et cinq ans de paix relative, le Sud Soudan, soutenu depuis le début du conflit par les Etats-Unis contre le régime islamique de Khartoum, va se prononcer sur son indépendance. Et le résultat ne fait aucun doute. D’autant qu’au Sud, il n’y a qu’un parti, qui plus est armé, dont le Président a obtenu 93% des suffrages lors des dernières élections.
Néanmoins, qu’un peuple puisse disposer de son droit à disposer de son destin est assez rare pour être salué.
Le Président soudanais semble résigné à accepter le résultat du vote, dont la date semblait incertaine il y a encore trois semaines.
Il reste donc à espérer que tout se passe dans le calme, y compris dans les zones frontalières contestées.
Ensuite, il faudra construire un Etat, et de bonnes relations de voisinage avec Khartoum. Et cela ne sera pas facile…
15:27 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : afrique
14/12/2010
Côte d'ivoire : le pire est peut-être à venir ?
Côte d'ivoire
J'ai connu Laurent Gbagbo avant qu'il ne soit président, rencontré à Paris et lors de réunions de l'Internationale socialiste.
Je l'ai revu ensuite, et je n'ai pas aimé le phénomène de "cour" autour de lui, peut-être inévitable.
A Abidjan, il m'a reçu chaleureusement, au nom de notre amitié commune pour Guy Labertit, qui était alors le "Monsieur Afrique du PS".
Depuis deux semaines je rumine mes déceptions et mes tristesses.
Depuis deux semaines, je n'ai rien écrit sur ce blog sur ce sujet sensible, au moins pour moi.
Chargé de rédiger la résolution déposée par le groupe socialiste du parlement européen, puis de négocier la résolution commune qui va être votée par tous les groupes, il est temps de vous faire part de quelques réflexions personnelles :
1) Les élections ont couté 400 millions de dollars à la communauté internationale, il y a de quoi se demander si cet argent n'aurait pas été mieux dépensé autrement...
La démocratie n'a pas de prix, mais elle a un coût, et quand, en plus, elle est bafouée...
2) Il pensait bien gagner, le Président en place, au moment où il a accepté une observation internationale des élections, et que les résultats soient "certifiés" par l'ONU, pour la première fois dans l'histoire de l'Afrique.
3) L'article 64 de l'ordonnance de 2008 (2008-133) indique très clairement que le Conseil constitutionnel ivoirien a le pouvoir d'invalider les résultats de la Commission électorale indépendante, sans lui donner la possibilité de proclamer des résultats différents.
4) En 2002, au moment de la tentative de prise du pouvoir par une partie de l'armée, Laurent Gbagbo s'est vu mettre, par la communauté internationale, sur un pied d'égalité, lui, le Président élu, avec les rebelles, et obligé de former avec eux un gouvernement d'Union nationale. Dans un deuxième temps, il a même été obligé de prendre le porte-parole des rebelles, n'ayant aucune légitimité démocratique, comme Premier ministre.
Depuis 8 ans son autorité ne s'étend pas au nord du pays.
5) Le Président battu a sous les yeux les exemples du Président kenyan Kibaki, battu et toujours en place, après une tuerie atroce, et Mugabe, toujours Président, dictateur du Zimbabwe, malgré ses défaites électorales...
6) L'Union européenne vient de prendre des sanctions "à l'égard de toute personne qui menace l'issue du processus électoral". Mais Gbagbo, malgré tous ses défauts, n'a pas profité de sa situation pour faire fortune et encore moins placer son argent en Europe. De telles sanctions n'ont jamais empêché Mugabe ou al-Bachir de voyager...
7) Il faut que l'Union européenne, et tous les organismes internationaux, continuent à aider au développement de la Côte d'ivoire...à travers son gouvernement légal. Et si celui-ci ne gouverne que le nord du pays, cette partie, la plus en retard de développement, en profitera.
8) L'opération de maintien de la paix en Côte d'ivoire (ONUCI) a coûté 2,26 milliards d'euros ces six dernières années. Comme la démocratie, le maintien de la paix n'a pas de prix, mais a un coût !
9) Comment les choses vont-elles se passer maintenant ?
Affrontement ? Statu quo et coupure du pays en deux ?
10) Je me garderai bien de faire un pronostic.
18:54 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : côte d'ivoire