A voir avant d'aller voter

Chez nous

de Lucas Belvaux

avec Emilie Dequenne, André Dussolier, Catherine Jacob

 

Emilie Dequenne interpète, très bien, une infirmière à domicile dans le Pas-de-Calais. Elle est en plein empathie avec ses patients. Un médecin (formidable André Dussolier), lui aussi proche de ses patients, tête pensante d'un parti d'extrême droite, la recrute pour être tête de liste aux élections municipales, en lui faisant miroiter qu'elle pourra améliorer la vie de ses concitoyens. Que le "Mouvement Bleu Marine" n'est pas le "Front National" (les noms ont été changés, mais il est impossible de ne pas les reconnaître), que la fille n'est pas le père. Bref, la petite infirmière courageuse est tout à fait dans la ligne  non pas politique mais de l'image que souhaite donner  ce parti, qui reste xénophobe ("on est chez nous !) en quête d'une apparence de respectabilité.

Mais, en arrière plan, il y a les fachos de toujours, purs et durs...

Le FN n'a pas aimé le film, cela se comprend. Mais ces Belges, qu'ont-ils à dire ? On est "chez nous !"

 

Ode à la vie

Sage Femme

de Martin Provost

avec Catherine Deneuve, Catherine Frot, Olivier Gourmet

 

La fourmi (Catherine Frot) est sage-femme, la cigale (Catherine Deneuve), ancienne maîtresse du père de la fourmi, revient 30 ans plus tard, fort dépourvue, et va finir par apprivoiser la fourmi.

Beau duo d'actrices, avec la participation intelligente d'Olivier Gourmet.

Martin Provost ("Séraphine", "Violette"), autre cinéaste belge de talent,  a manifestement voulu rendre hommage à ces femmes (et maintenant quelques hommes, égalité oblige) qui font un travail formidable en aidant les enfants à naître. Un hommage également aux femmes qui donnent la vie,  parfois dans la souffrance. 

Six accouchements filmés en Belgique, puisque cela est interdit en France.

Fallait-il deux heures pour cela ? Le scénario n'est pas assez palpitant pour ne pas voir le temps passer...

 

Galerie de portraits

Chacun sa vie

de Claude Lelouch

avec Eric Dupond-Moretti, Johnny Hallyday, Béatrice Dalle,

 et bien plus encore

 

Pas d'intrigue. Un procès d'assises, avec un président, ses assesseurs, les avocats, l'accusé, et tous les jurés rassemblés là par un tirage au sort. Chacun sa vie. Un concentré touchant d'humanité, dans la lignée de "Les uns et les autres" du même Lelouch. 

Peu de diversité sociale ou raciale dans cette galerie de portraits qui permet de voir défilé de nombreuses actrices et de nombreux acteurs du cinéma français. 

Prestations particulièrement remarquables : l'avocat médiatique Dupond- Moretti, Béatrice Dalle en prostituée prenant sa retraite et Johnny en sosie de Johny.

Reste la question que je me poserais si j'étais au sort pour être juré de Cour d'assises : qui suis-je pour juger un(e) de mes semblables ? et , pire encore, décider de son sort. A chacun sa vie !

 

 

 

toute une vie de couple

Monsieur et Madame Adelman

de et avec Nicolas Bedos et Doria Tiller

avec Denis Podalydes, Pierre Arditi

 

45 ans de vie commune d'un écrivain, prix Goncourt, puis membre de l'Académie française avec son épouse, mère de ses enfants, et pilier de la famille.

L'évocation de la famille, du temps qui passe, de la vieillesse n'est pas s'en rappeler Woody Allen, ce qui est, pour moi, un grand compliment .

Le scénario est à l'aune de l'imagination débordante des deux auteurs, qui forment un couple dans la vraie vie, et les dialogues sont enlevés.

En regardant, et en entendant,  Nicolas, impossible de ne pas penser à Guy. C'est le premier grand rôle de Doria Tiller, probablement pas le dernier !

 

Oscar du meilleur film

Moonlight

de Barry Jenkins

avec Alex R Hibbert, Ashton Sanders, Trevante Rhodes

Mahershale Ali

 

Enfance, adolescence, jeune adulte : trois acteurs différents pour trois étapes de la vie d'un jeune afro-américain d'un quartier pauvre de Miami, en quête de son identité, en particulier de son identité sexuelle.

Enfant délaissé par une mère défoncée au crack, pris en charge par le chef des dealers (Mahershale Ali de House of Cards) qui ne l'exploite pas mais le recueille sans contrepartie.

Le harcèlement à l'école, primaire puis secondaire, sauf un copain qui a de l'empathie pour lui.

Un jeune adulte qui ne correspond en rien aux clichés habituels, ni de l'homosexuel, ni du gangster.

Un film plein d'humanité et de sensibilité. Meilleur film de l'année ? Il en a obtenu l'Oscar...