Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/08/2019

Au nom du peuple

Robespierre

Scénario : Mathieu Gabella

Historien : Hervé Leuwers

Dessin : Roberto "Dakar" Meli

Couleurs : Chiara Zeppegno - Arancia Studio

Les grands personnages de l'histoire en bandes dessinées

Le Monde - Glénat - Fayard

 

Hervé Lewers, professeur d'histoire moderne à l'université de Lille, directeur des "Annales historiques de la Révolution française", s'est attaché à replacer Robespierre dans le contexte d'une époque hors du commun, en rappelant les principales prises de position qui marquent le cheminement politique de l'"incorruptible".

Robespierre est probablement un des personnages de l'histoire de France parmi les plus controversés. Ange ou démon ?

"Il défend l'accès des protestants et des juifs à la citoyenneté, s'indigne de l'esclavage, s'oppose, en vain, à ce que le droit de vote soit accordé sous condition d'impôt. Il échoue également à faire abolir la peine de mort."

Hervé Lewers souligne que Robespierre n'était pas seul au Comité de Salut Public, et pas le plus intransigeant.

Au début de Thermidor an II,  trop de députés se sentent menacés. La majorité considère que le péril extérieur s'étant éloigné, la "grande terreur" doit cesser".

En 89, il est élu dans son département du Pas-de-Calais, en 92 il se fait élire à Paris, en s'appuyant sur "le peuple" prêt à manifester, et même à s'insurger.

"Il n'y a plus que deux partis en France, le peuple et ses ennemis" (Robespierre). La question qui reste ouverte aujourd'hui est "qui peut prétendre être le peuple ?, ou son seul représentant ?"

 

 

15:16 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire

31/07/2019

La Raison au service de la Justice

Ne tirez pas sur le philosophe !

Frédéric Lenormand

J.C. Lattès

 

L'éditeur de Frédéric Lenormand le présente comme le "San Antonio du thriller historique", ce qui est placer la barre un peu haut. Le style est vif et plein d'humour, très agréable à lire. L'énigme policière est secondaire, comme cela était le cas avec Frédéric Dard.

Ce roman met en scène un Voltaire menant l'enquête en se basant sur la raison, face à Madame du Châtelet plus intuitive. Ils aboutiront aux mêmes résultats.

Le livre est une occasion de rappeler la vie quotidienne au temps de Louis XV.

 

"Je suis le Don Quichotte des malheureux" (Voltaire)

"L'Eglise n'interdisait plus l'examen des trépassés, pourvu qu'on s'abstînt d'y chercher l'emplacement de l'âme ou le secret de la vie."

"Quand on n'est plus très beau ni très jeune, on a intérêt à être très propre."

 

08:00 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, histoire

28/07/2019

Nettoyage "ethnique"

Echanger les peuples

Le déplacement des minorités aux confins polono-soviétiques

1944/1947

Catherine Gousseff

éditions Fayard

 

Il y a peu, je parlais dans ce blog de "l'Europe barbare", de l'historien anglais Keith Lowe qui consacrait une vingtaine de pages aux échanges de populations entre l'Ukraine et la Pologne, en raison des changements de frontières intervenus à la fin de la deuxième guerre mondiale. Catherine Gousseff consacre tout son livre à cet "échange".

De 44 à 46, près de deux millions de personnes se croisèrent, chassées de leurs demeures, dans l'indifférence internationale.

Les Polonais étaient généralement les maîtres dans ce qui devenait la partie occidentale de l'Ukraine, mais ils y étaient démographiquement minoritaires. Ils furent menacés, s'ils ne partaient pas, d'être déportés vers le Donbass, ou même la Sibérie. Les hommes étaient enrôlés de force dans l'armée rouge. Ils partirent complètement dépouillés.

Les Ukrainiens étaient nombreux en Pologne. Dans un premier temps ils acceptèrent leur déplacement vers la "mère patrie", partant avec leur matériel agricole et leurs animaux. Placés dans des fermes collectives miséreuses, ils ne tardèrent pas à reprendre le chemin de l'Ouest. La Pologne leur donna alors la possibilité d'aller encore plus vers l'Ouest, repeupler les terres prises sur l'Allemagne vaincue.

Dans les deux cas, la haine déferlait, faisant des dizaines de milliers de victimes. L'intolérance confessionnelle aggravait la situation. Les églises étaient incendiées avec les villages.

Les plus nombreux à être expulsés furent les douze millions d'Allemands expulsés d'Europe centrale vers l'Allemagne, où ils n'étaient pas les bienvenus.

Les voyages se firent dans des conditions épouvantables. Pas de trains, pas d'abris, pas de nourriture, des attaques de bandes armées pour voler le peu qu'il restaient à ces populations déportées, viols des femmes...

Une page noire de l'histoire de l'Europe.

 

 

08:48 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

26/07/2019

Louis IX

Saint Louis

Scénario : Mathieu Mariolle et Alex Nikolavitch

Historiens : Etienne Anheim et Valérie Theis

Dessin : Filippo Cenni

Couleurs : Hugo Poupelin

"Les grands personnages de l'histoire en bandes dessinées"

Le Monde, Glénat et Fayard

 

Saint Louis est un mythe de l'histoire de France, et ce mythe a finit par recouvrir la réalité du personnage historique.

Louis IX était croyant, comme on pouvait l'être, sans nuances,  au Moyen-Âge. Il était entouré d'ecclésiastiques, en particulier issus des ordres mendiants. Il s'est attaqué aux jeux d'argent, au blasphème, à la prostitution...et aux Juifs. Se considérant comme "un roi chevalier", il a conduit plusieurs croisades, dont une qui lui a coûté la vie. Mais sa canonisation doit beaucoup à la volonté du Pape Boniface VIII de chercher un compromis avec Philippe Le Bel, petit-fils du Saint. L'étroitesse des rapports entre l'Eglise et les capétiens ancre la croyance dans la "race sainte" capétienne, détenant le pouvoir royal par la volonté de Dieu.

Cette BD montre, derrière le Roi, le Saint, l'homme.

 

16:02 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire

05/07/2019

Qui sont les Khazars ?

La mort du Khazar rouge

Shlomo Sand

éditions du Seuil

 

L'histoire des Khazars débute au IVe siècle avec la fondation d'un vaste empire sur les steppes de la Volga et du Nord-Caucase, et touche à sa fin au XIIIe siècle avec les invasions mongoles. De Kiev à la Crimée et à la Géorgie, de la mer Noire à la Caspienne. Les Kahazars utilisaient l'hébreu comme langue sacrée car ils s'étaient convertis à la religion des Juifs.

Shlomo Sand, formidable historien,  auteur , il y a dix ans, de "Comment le peuple juif fut inventé", revient sur son thème de prédilection à travers un roman policier.

Qui a tué l'éminent professeur d'histoire de l'université de Tel-Aviv, auteur d'une thèse sur l'empire juif des Khazars , et sur le processus de conversion des Khazars au judaïsme ? Il osait vouloir démontrer "qu'une grande partie des habitants juifs d'Europe orientale a pour origine vraisemblable le royaume khazar converti."

"En Israël, on a jamais tué un Israélien juif à cause de ce qu'il pense ou de ce qu'il écrit." Et si l'assassinat de cet historien était une première ?

"Ni les élèves de l'enseignement secondaire, ni les étudiants n'avaient jamais entendu parler de royaumes juifs qui n'avaient pas pour centre Jérusalem "capitale éternelle du peuple juif."

"Si nous sommes principalement des descendants des populations et de tribus d'Europe centrale, et npn pas fils héritiers des troupes du roi David, quel droit aurions nous à coloniser ce pays ?" "Une brèche significative dans le mythe national fondé sur un récit totalement imaginaire selon lequel un peuple, prétendument déraciné de sa patrie, y était revenu deux mille ans après." "Il est ridicule d'essayer d'organiser le monde selon ce qu'il était au début de l'ère chrétienne." "En France on a cessé de penser que les Gaulois sont nos ancêtres alors qu'en Israël on croit encore que les anciens Hébreux sont vos ancêtres." "Si tel n'était pas le cas, quel droit historique le sionisme aurait-il de revendiquer, après deux mille ans, l'héritage de la terre promise ?"

Dans les années 80, les archéologues de l'université de Tel-Aviv avaient conclu qu'il n'y a jamais eu d'exode d'Israël hors d'Egypte. "Les Romains n'ont jamais forcé à l'exil les habitants de Judée. Il ne leur est jamais venu à l'idée d'exiler les habitants du pays. La majorité des habitants de Judée a simplement adopté une croyance monothéiste passant du judaïsme au christianisme puis à l'islam."

"Un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être un peuple libre."

"Les historiographies nationales sont des mythes avec des notes en bas de page."

Je me souviens de la polémique au moment de la sortie de "Comment le peuple juif fut inventé." Les adversaire de Shlomo Sand n'apportaient aucun argument basé sur l'archéologie ou les textes. Ils reconnaissaient implicitement  qu'il s'agissait d'un mythe, en vantant "l'efficacité historique de la mythologie."

Un bon polar qui permet de mieux comprendre le Moyen-Orient.

 

 

21:05 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, histoire