26/05/2025
Paris / Beyrouth 1983 / 1986
Rares sont ceux qui échappèrent à la guerre
Frédéric Paulin
éditions Agullo
Deuxième partie de la trilogie de Frédéric Paulin consacrée à la guerre du Liban. La première partie "Nul ennemi comme un frère" était axée sur les luttes entre les différentes communautés libanaises, et au sein de celles-ci.
Ce deuxième roman se passe davantage à Paris, "à feu et à sang" en raison du terrorisme. Certains terroristes (Action directe) que l'on voyait déjà dans "bleus, blancs, rouges" de Benjamin Dierstein sont actifs, financés par qui ?
Avec le même mélange de personnages réels et de personnages fictionnels.
L'action commence en 83 avec l'attentat contre le poste Drakkar à Beyrouth qui fait une soixantaine de morts français. La France est directement visée en raison de son rôle, ou sa tentative de rôle, d'interposition, en particulier pour protéger les Palestiniens dont de nombreuses factions libanaises veulent se débarasser.
Le Hezbollah inaugure les prises d'otages dont des Français, en particulier le journaliste Jean-Paul Kaufman. J'ai été directement impliqué dans les efforts des parlementaires européens pour qu'ils ne soient pas oubliés. Mais que faire ? Pas question pour le gouvernement français de négocier avec les preneurs d'otages chiites. Les négociatons se faisaient donc avec les commanditaires : l'Iran et la Syrie.
1986, et les législatives approchaient. Le RPR souhaitait donc ardemment à ce que les otages ne soient pas libérés avant les élections et envoyait des émissaires pour cela :
"Chirac a accepté de rembourser la dette Eurodif et propose de verser 750 millions de $ d'acompte ;
-nous avons promis aux Iranien de leur livrer des armes, de relâcher tout le commando Naccache.
- On va expulser aussi les opposants politiques à Khomeini.
Ce dont sont capables les hommes pour arriver au pouvoir et s'y maintenir."
"Si la justice ne sait pas, la démocratie est une coquille vide"
08:19 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, liban
23/05/2025
Corée 1948
IMPOSSIBLES ADIEUX
Han Kang
Prix Nobel de littérature 2024
Livre de Poche 37943
Corée Hiver 1948 : la guerre entre le Nord et le Sud est terminée, sans paix mais avec un cessez-le-feu. Au Sud une dictature militaire s'est installée, soutenue par les USA obsédés par le communisme. En décembre 48 une révolte populaire éclate sur l'île de Jéju. Une répression sanglante et aveugle frappe tous les progressistes.
"Ce n'est pas une suite de hasards si trente mille personnes ont été massacrées sur cette île cet hiver là et deux cent mille sur le continent l'été suivant. Il y avait un ordre du gouvernement militaire américain, il fallait empêcher le communisme de gagner du terrain, fût-ce en assassinant trente mille habitants de l'île. Mille cinq cent enfants de moins de dix ans ont été tués."
"Les trois mille personnes rassemblées à l'école primaire avaient été exécutés sur la plage de sable blanc."
Le roman porte essentiellement sur l'amitié, illustrée par l'amitié entre deux femmes, mais le rappel historique de la dictature militaire permet de mieux comprendre la réaction des Coréens à la tentative de leur président d'instaurer un "état d'urgence" contraire à la Constitution.
08:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, histoire, corée
21/05/2025
parce que la vie ne suffit pas
L'intranquille monsieur Pessoa
Barral
Dargaud
"La littérature n'est-elle pas la preuve que la vie ne suffit pas ? "
Fernando Pessoa, poète portugais du début du XXe siècle.
Il est resté célèbre pour ses "Messages" et pour "Le livre de l'intranquillité", mais aussi pour avoir écrit des milliers de pages sous différends noms, ses "hétéronymes", adoptant à chaque fois une personnalité différente.
Barral qui a adapté Nestor Burma en BD, se glisse dans la peau d'un journaliste chargé d'écrire la nécrologie de Pessoa.
07:34 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, poésie
19/05/2025
Qui a porté Hitler au pouvoir
Les irresponsables
Johann Chapoutot
nrf / Gallimard
"On entend couramment, d'éditoriaux en plateaux, que "les nazis sont arrivés démocratiquement au pouvoir" (faux !) que "Hitler a été élu par les Allemands" (jamais !) que "la crise a conduit les nazis au pouvoir" (faux ! ) que "les extrémistes ont tué la démocratie de Weimar" (faux ! ).
"Le consortium libéral-autoritaire, tissé de solidarités d'affaires, de partis conservateurs, nationalistes et libéraux, de médias réactionnaires et d'élites traditionnelles, perd tout soutien populaire et se demande comment garder le pouvoir sans majorité, voire sans démocratie. Cet extrême centre se pense destiné à gouverner par nature : sa politique est la meilleure. Le pouvoir, qui ne repose sur aucune base électorale, décide de faire alliance avec l'extrême droite, avec laquelle il partage au fond à peu près tout, et de l'installer au sommet."
"Cette histoire révèle non pas une progression irrésistible de la marée brune, mais une stratégie pour capter son énergie au profit d'un libéralisme autoritaire imbu de lui même, dilettante et, in fine, parfaitement irresponsable."
"Nous sommes nombreux à avoir peur que ce gouvernement en fasse tant qu'il ne nous reste plus rien à faire." (Joseph Goebbels)
"La fin de la République de Weimar a montré que la démocratie est périssable."
"Beaucoup considère qu'il faudrait laisser leur chance aux nazis puisqu'on ne les a jamais essayé, et pour que l'on voit comment ils s'en sortiront."
"C'est une petite oligarchie désinvolte, égoïste et bornée qui a fait le choix, le calcul et le pari de l'assassinat d'une démocratie : des libéraux autoritaires ont froidement décidé que la seule voie rationnelle et raisonnable pour se maintenir au pouvoir et éviter toute victoire de la gauche, était l'alliance avec les nazis."
"Cela fait des mois que le patronat allemand poussent à la rupture avec le SPD"
"Le SPD fait systématiquement opposition à toute tentative de censure alors que chaque texte ajoute sa part de malheur social : baisse des salaires de branche, réduction des salaires des fonctionnaires, coupe dans les dépenses sociales."
"Ce sont bien les sociaux-démocrates qui vont permettre la reconduction du vieux maréchal à la tête de l'Etat." "Battez Hitler, donc votez Hindenburg !" "Il n'aura jamais un mot de remerciement républicain."
"Les socialistes sont réduits à soutenir une politique d'austérité anti-sociale, "le moindre mal" pour qu'une motion de censure n'ouvre pas la voie à une alliance de droite encore plus dure."
La presse du magnat des médias Alfred Hugenberg "sert d'incubateur des idées d'extrême droite" et permet "de réactiver 1 500 ans d'antisémitisme"
"Il faut faire subir aux différents codes, notamment au Code du Travail, une sévère cure d'amaigrissement et procéder à un choc de simplification Il faut déréglementer partout où cela est possible"
"les nazis ont atteint leur zénith quantitatif le 31 juillet 1932 et ils reculent désormais partout."
"Une dissolution ratée, une défaite cuisante aux législatives ; le refus de tenir compte des résultats des élections ; un gouvernement chargé des affaires courantes qui s'éternise ; l'incapacité du président à nommer un nouveau chef du gouvernement ; des mois de réflexion au sommet de l'Etat, pour échafauder le meilleur scénario qui permet de rester au pouvoir, malgré les élections et l'absence de majorité ; une politique de l'offre ouvertement pro-business faite de subventions aux entreprises et de crédits d'impôts ; un patronat qui réclame toujours plus."
07:50 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
16/05/2025
Singulières Cévennes
Histoire des Cévennes
Patrick Cabanel
Que sais-je ?
Le mois de mai est le moment idéal pour se promener dans les Cévennes. Il n'y a plus de neige ; il ne fait pas trop chaud. Ce n'est pas on plus le temps des "épisodes cévenols" qui apportent tant de pluies. L'humidité reste présente. Ce n'est pas par hasard que le massif est le château d'eau de la région.
Pas d'unité administrative. Un bout le l'Hérault et surtout le Gard et la Lozère. Une inscription au patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO depuis 2011.
"Des dissensions héritées : les attitudes face à la Révolution française, puis à la République laïque et à la gauche, hériteront à leur tour des frontières religieuses tracées au XVIe siècle." "Les choix politiques des Cévennes se résument à la fidélité jamais démentie à la Révolution et à la République. La plupart des notables, toutefois, ont refusé la Terreur." "Les Cévennes ont été massivement dreyfusardes". Les Cévennes ont été une place forte des "hussards noirs" de l'école républicaine. Leur goût de la lecture en a fait un modèle."
Après la révocation de l'Edit de Nantes, "Les protestants arrêtés sont condamnés aux galères pour les hommes, à l'emprisonnement à vie pour les femmes, comme ceux qui cherchent à gagner le Refuge (la Suisse)."
L'économie traditionnelle cévenole : l'arbre à pain (le châtaignier).
"Le mûrier est l'arbre du profit, dont les feuilles portent l'invention du capitalisme." Quand la maladie dévaste la châtaigneraie, les Cévennes passent massivement au mûrier. Jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle "lorsque les soyeux lyonnais donnent la préférence à la soie venue d'Extrême-Orient."
A l'Ouest la soyeuse Cévennes, à l'Est le charbon, avec la chimie et l'aluminium. Les mineurs et autres travailleurs sont Piémontais, Belges, Espagnols, Polonais, Tchèques.
Malgré un solde naturel très négatif, Anduze affiche une progression record que les observateurs expliquent par "la constitution d'un "Luberon cévenol", lié à un microclimat qui est peut-être aussi sociétal."
07:51 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)


