12/09/2012
traverser le Louvre
La traversée du Louvre
David Prudhomme
Editions du Louvre et Futuropolis
Au fusain et au pastel, l'auteur ne cherche pas à reproduire les chefs-d'œuvre du Louvre. Ce n'est pas "Les 1001 peintures du Louvre", où il n'y a pas que des peintures, comme nous le montre cette BD.
Il se concentre sur les gens qui regardent les œuvres. "Toutes les langues du monde se croisent en silence ici." La foule devant la Joconde. Les couples, sur les tableaux, et parmi les visiteurs. Des couples qui se rapprochent, ou s'éloignent, se cherchent, se perdent, se retrouvent, ou non. "On cherche à retenir ce qui ne peut nous appartenir".
"Un peu l'impression de se trouver dans une BD géante. Sur tous les murs il y a des cases. Tous les formats. Tous les styles. Je mettrais bien des bulles !"
Après la visite, le personnage principal prend le métro. "Le choc est brutal !"
09:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bd
11/09/2012
entre un photographe et un dessinateur de BD, un écrivain suit la campagne de François H.
Rien ne se passe comme prévu
Laurent Binet
Editions Grasset
"HHhH" : titre du livre qui a valu à Laurent Binet le "Goncourt du premier roman". J'en ai parlé dans ce blog. Traduction en français et en clair : "Le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich".
Qui est le "cerveau" de François Hollande ? Manifestement, ils s'y mettent à plusieurs... et François Hollande fait se qu'il veut. Le livre de Yasmina Reza, "L'aube, le soir ou la nuit", était centré sur Sarkozy : "il ne s'adresse qu'à lui même". "En politique on est tous tournés sur nous mêmes" (N. S.). Le livre de Binet l'est davantage sur l'entourage, dont certains vont devenir ministres, manifestement plus facile à aborder que le candidat lui même. "Je n'aurai pas dansé aux Antilles avec le candidat comme Yasmina Reza en 2007".
Au départ penchant plutôt pour Mélanchon, Binet reconnaît avoir été victime du "syndrome de Stockholm" : l'otage prend le parti des ravisseurs ! "J'observe, fasciné, l'altération progressive de ma subjectivité".
Avant même le résultat de la "primaire", il m'avait été demandé, comme probablement à un certain nombre d'autres, de faire des fiches argumentées sur d'éventuels déplacements du candidat à l'étranger, afin de lui donner cette dimension internationale, soit disant indispensable.
Je ne peux que souscrire aux réflexions lues dans ce livre, dans la bouche du candidat ou de certains conseillers :
- "tout le monde se focalise sur l'international, mais dans une élection présidentielle française, ce n'est jamais là-dessus que ça se joue" (et, selon moi, pas seulement pour la présidentielle, même pour les Européennes !)
- "je ne veux pas m'afficher avec tous les battus de la gauche".
- "en tant que président, c'est très important, mais en tant que candidat, pas tellement".
J'ai appris dans le livre le nom du "Conseiller d'Etat" chargé de trier et de synthétiser en une page maximum nos fiches. Mais je ne suis pas de ceux qui envoyaient des pensums de quinze pages. Travaillant depuis plus de trente ans pour les femmes et les hommes politiques, je sais que leur temps de lecture est des plus limité. Deux pages a toujours été mon maximum.
Les journalistes politiques sont assez sévères avec ce livre de témoignages. Il faut dire qu'il ne les épargne pas : "hystériques ; "les voies du journalisme sont impénétrables ; "un tel manque de lucidité, c'est fascinant" ; "la jouissance bornée du journaliste qui répète pour la millième fois la dernière expression à la mode". Il démonte, et démontre, leur fonctionnement au moins autant que celui du candidat. Et ce n'est pas à leur avantage.
"Rien ne se passe comme prévu", titre du livre, est la réflexion de François Hollande apprenant l'arrestation de DSK à New-York.
"Dans le débat, François Hollande fonctionne comme au judo, c'est à dire qu'il utilise la force de l'adversaire."
"Il ne faut pas confondre un débat sur le fond avec un débat qui touche le fond".
"La jovialité masque une ironie fondamentale, comme indice d'une distance à soi-même et aux évènements que je n'ai pas observée chez les autres, comme l'aveu qu'il n'est pas dupe de toute cette comédie humaine".
"Tu dois cliver avec les politiques de droite, mais pas avec les Français"
"Derrière ces attaques, c'est quoi ? C'est que la gauche est illégitime pour diriger le pays" (Manifestement toujours vrai après les élections...)
"Comment être très laïc et à l'écoute du religieux ?" (Manuel Valls)
"C'est surprenant l'importance des relations personnelles en politique. Beaucoup plus important que les considérations idéologiques."
"Pour faire de la politique, il faut deux choses : la santé et accepter de prendre des coups. François est fait en plumes de canard : les attaques glissent sur lui".
"Toute victoire appelle après, un nouveau combat"
14:32 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, hollande, littérature
09/09/2012
Les symboles perdus de la Franc-Maçonnerie américaine
Le "symbole perdu" décodé
Alain Bauer et Roger Dachez
Editions Véga
Un ancien Grand-Maître du Grand Orient de France et le président de l'Institut maçonnique de France expliquent, au fil des chapitres, les symboles et les énigmes ésotériques du roman de Dan Brown consacré à la franc-maçonnerie américaine. Quasiment une visite guidée du Capitole et de la capitale fédérale. "Ce singulier mélange de politique, de symbolisme et de mystique".
Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus, ils recommandent "Les secrets du Washington maçonnique" (éditions Véga, 2009).
La deuxième partie, que j'ai trouvée très intéressante, explique les différences entre les franc-maçonneries américaine et française, et les raisons historiques de celles-ci.
"L'image de la franc-maçonnerie, en France, est à la fois celle d'une société initiatique-dans les meilleurs des cas-, d'une sorte de secte-dans les pires- voire d'un réseau affairiste ou politicien. Aux Etats-Unis, c'est avant tout celle d'une organisation caritative". "La bienfaisance est le maître mot de la franc-maçonnerie anglo-saxonne".
Ce n'était pas le cas au XVIIIe siècle avec Benjamin Franklin, George Washington, avec "comme principes fondateurs la liberté, l'indépendance, la tolérance et la fraternité".
Tout se gâte en 1826 quand les francs-maçons sont victimes d'une campagne de presse les accusant de meurtres rituels.
Par compensation, pour se réhabiliter, après avoir perdu la moitié de leurs membres, "pour se faire admettre de nouveau dans la société américaine", ils se tournent vers les actions de bienfaisance. "La maçonnerie intellectuelle, humaniste, philanthropique et influencée par les Lumières, celle de Washington et des Pères fondateurs, fut mise sous le boisseau".
"S'il est un "secret perdu" de la franc-maçonnerie américaine, c'est peut-être celui de ses origines, de sa première jeunesse, du temps des pères fondateurs. Si Benjamin Franklin revenait aujourd'hui parmi les siens, reconnaîtrait-il "sa" franc-maçonnerie ? On peut en douter..."
La troisième partie est consacrée aux "sources authentiques" de la franc-maçonnerie.
En balayant certains mythes :
- "Il n'existe aucun cas connu de transformation spéculative d'une loge précédemment opérative par le biais des gentlemen masons". La franc-maçonnerie spéculative s'inspire de la symbolique opérative, mais il n'y a pas de continuité historique.
- Le lien entre "l'inévitable Ordre du Temple" et la franc-maçonnerie relève des "méandres d'une histoire fantaisiste et rêvée".
- "Nombre d'usages symboliques et rituels bien établis aujourd'hui dans le Compagnonnage résultent d'emprunts massifs faits à la franc-maçonnerie spéculative- et non l'inverse !"
- "Les maçons défendirent leurs droits et leurs privilèges de classe, bien plus qu'un programme politique visant à l'établissement de quelque démocratie universelle. Les Frères ont sans doute provoqué le Serment du Jeu de Paume, certainement pas la Révolution dont ils furent les victimes : 1000 loges en 1789, une poignée après la Terreur".
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
08/09/2012
Washington et ses symboles maçonniques
Le symbole perdu
Dan Brown
Editions J C Lattès "Pocket" n°12265
Quand je suis allé à Washington, en mai, ma fille ainée, sachant que j'allais passer quelques jours au Capitole, et que j'avais la ferme intention de visiter la bibliothèque du Congrès, ne comprenait pas que je n'ai pas mis dans ma valise "Le symbole perdu". Non, je n'avais lu aucun livre de Dan Brown, rebuté par les films inspirés de "Da Vinci Code" et "Anges et démons", pleins d'actions et surtout d'invraisemblances.
La période estivale étant favorable a l'attaque du "pavé", j'ai pu parcourir de nouveau les sous-sols du Congrès où sans guide je me serais réellement perdu. Les couloirs sont si longs qu'un petit train électrique a été installé entre le Sénat et la Chambre des députés.
George Washington, franc-maçon, voulait donner une dimension symbolique à la ville qui a pris son nom.
C'est vêtu de ses "décors" maçonniques que Washington a posé la première pierre du Capitole.
"La ville de Washington compte plus de symboles astrologiques dans son architecture que n'importe quelle autre ville au monde".
" Les père fondateurs avaient baptisé Washington "la nouvelle Rome".
Cela contribue peut-être à la conviction d'un certain nombre d'Américains : les Etats-Unis sont une nouvelle Terre Sainte et Washington une nouvelle Jérusalem.
Mon ami, et fidèle commentateur historien, Frédéric Dubuisson évoquait la possibilité d'un plan de Washington inspiré des plans des jardins du château de Versailles. Ceux-ci auraient-ils été d'inspiration maçonnique ? Peu probable, la franc-maçonnerie spéculative n'ayant alors pas encore été "importée" d'Angleterre.
Peut-être des plans plus "astrologiques" que maçonniques, basés sur une symbolique séculaire qui n'est pas spécifique à la maçonnerie ?
Thomas Jefferson, lui aussi franc-maçon, décrivait le Capitole comme "le premier temple consacré à la souveraineté du peuple." "Plus de la moitié des auteurs de la Constitution étaient des francs-maçons".
"Les pères de l'Amérique rêvaient d'un pays spirituellement éclairé, dans lequel la liberté de penser, l'instruction du peuple et la science remplaceraient les vieilles superstitions religieuses".
Je n'aurais jamais imaginé la présence de symboles maçonniques sur le billet de 1$. J'ai regardé pour vérifier ce que je n'avais jamais remarqué : "une figure architecturale emblématique qui matérialise la capacité de l'homme à se libérer de ses attaches terrestres pour monter vers les Cieux, vers l'illumination suprême" (pas mal sur un billet de banque !) ; "rappelant à l'Amérique son destin encore inaccompli".
Il s'agit d'une enquête policière, à la suite d'un meurtre, et dont la clé se trouve dans des traditions ésotériques séculaires ("le symbole perdu") reprises par la franc-maçonnerie américaine.
Comme l'ont écrit Alain Bauer et Roger Dachez : "on imagine guère les francs-maçons français aller dissimuler sous l'Obélisque de la Concorde quelque rébus ésotérique dont la clé serait finalement kabbalistique, biblique et pour tout dire mystique !"
"Vivre dans le monde sans en explorer le sens est comme errer dans une grande bibliothèque sans toucher les livres" (Manly P. Hall)
"Le savoir est un outil, et comme tous les outils, son utilisation est entre les mains de l'utilisateur"
"Les premiers alchimistes s'étaient longtemps acharner à essayer de changer le plomb en or, sans jamais comprendre que cette transmutation n'était qu'une métaphore du potentiel humain"
"Le secret est à l'intérieur, non pas au paradis, au dessus, mais en son cœur, au fond de soi. C'était le message de tous les grands maîtres."
"L'idée de la vie après la mort est une invention humaine, une chimère destinée à nous faire supporter notre nature mortelle"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature
06/09/2012
Egalité et justice sociale dans des sociétés multiculturelles
L'Atlantique multiracial
Discours, politiques, dénis
Sous la direction de James Cohen, Andrew J. Diamond et Philippe Vervaecke
Editions Karthala
Collection "Recherches internationales"
Comment parler d'égalité et de justice sociale dans des sociétés multiculturelles ?
Faut-il être, est-il possible, d'être aveugle à la couleur de la peau d'une personne ?
C'est la thèse française, républicaine : une personne est une personne.
"Le rêve célèbre de Martin Luther King, celui d'une Nation où les enfants ne seraient pas jugés sur la couleur de leur peau mais sur la valeur de leur caractère".
François Hollande, lors de sa campagne électorale a proposé de retirer le mot "race" de notre Constitution.
Malheureusement la réalité fait qu'il y a des discriminations. Malgré les législations basées sur la Directive européenne de 2004. Des discriminations souvent basées sur une "racialisation évidente des inégalités sociales".
Le racisme principal est d'abord social. Il se reflète dans la ségrégation des habitats. Il recoupe largement le racisme de la couleur de la peau. En plus du racisme culturel. Des deux cotés de l'Atlantique.
"La citoyenneté risque d'être vécue comme une coquille vide si elle ne comporte pas une dimension d'intégration économique".
Ce livre, dont l'initiative revient à ma collègue et amie Emmanuelle Le Texier, regroupe les études comparatives de treize universitaires, de différentes disciplines sur une problématique d'une actualité pressante, comme l'ont prouvé cet été les démantèlements de campements illégaux et les violences urbaines d'Amiens qui, contrairement aux émeutes britanniques, ne se sont pas accompagnées de pillages.
"Aux Etats-Unis, tout comme en France, les immigrés transforment la physionomie des villes qui, ségréguées selon des facteurs raciaux, contiennent des zones d'exclusion caractérisées par la pauvreté et le chômage".
"Les forces de police sont considérées par les émeutiers comme une force d'occupation".
"Les migrants les plus exploités, à savoir les sans-papiers, sont ceux qui se révèlent le plus attachés à leur travail."
"On assigne aux minorités ethniques une identité étrangère, une condition héréditaire d'immigrants". "Conforter le "nous" national en dénonçant la menace des étrangers "eux".
08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique