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22/11/2012

SAS au Mali

Panique à Bamako

 

Gérard De Villiers

 

SAS n° 195

 

 

 

 

Livre d'actualité puisque lundi les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne ont décidé d'une mission pour aider une future force africaine dans sa reconquête du nord du Mali, dans le cadre de la "Politique de Sécurité et de Défense Commune", en coordination avec l'Union africaine, la CEDEAO et l'ONU.

 

Comme souvent, le livre commence par une analyse géopolitique superficielle mais assez juste :

"Etat laïque bien que musulman, pratiquant un islam africanisé, le Mali est authentiquement multiculturel".

L'armée malienne a connu une véritable débâcle face à "une coalition improbable de Touaregs de la "Légion islamique" de Kadhafi, revenus de Libye armés jusqu'aux dents, et d'islamistes fanatiques, agglutinés en plusieurs mouvements, sous la houlette de l'AQMI".

L'enlèvement d'otages et le trafic de drogue sont  les sources les plus importantes de revenus des groupes islamistes combattants, qui peuvent se trouver en concurrence entre eux sur ce terrain.

Les otages servent également de "boucliers humains" afin d'éviter les opérations contre eux.

Les groupes islamistes contrôlent désormais une "zone franche" de 1.500km de haut, de la Mauritanie au Tchad.

La spécificité d'Ansar Dine, filiale franchisée de l'AQMI,  est d'être dirigé par un Touareg, chargé de recruter les jeunes Touaregs pour les islamistes,  alors que le MUJAO ne compte quasiment aucun Malien dans ses rangs et voudrait imposer la charia dans tout l'Ouest africain.

Les écoutes des téléphones satellitaires des rebelles et la surveillance aérienne se font, en particulier par les Américains,  depuis le Burkina, et le sud de l'Algérie, par les Français depuis Dakar et Niamey.

Le capitaine Sanogo, auteur d'un coup d'Etat, a accepté, sous la pression internationale, de céder le pouvoir aux parlementaires, en échange d'une pension de retraite de chef d'Etat.

Remarque personnelle : il est bien connu que les militaires ne sont jamais responsables de leurs défaites : c'est toujours la faute aux civils !

 

La tentation est de s'"allier", discrètement, contre les islamistes, avec les indépendantistes touaregs du MNLA, qui ne demandent qu'à négocier pour être reconnus, et se contenteraient d'une large autonomie. "Ils n'ont ni les mêmes valeurs, ni les mêmes objectifs".  Mais toutes les opérations militaires ont montré que le MNLA touareg, peu organisé,  ne pèse pas grand chose face aux islamistes beaucoup mieux armés ayant des moyens financiers beaucoup plus importants, grâce aux trafics illégaux.

 

Il n'y a pas de "panique à Bamako", même si tous les mouvements rebelles du nord y sont présents,  "la plupart des diplomates demeurant claquemurés dans leurs ambassades respectives."

 

 

08:08 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, mali

17/11/2012

Frida K. et Leon T.

L'ultime secret de Frida K.

 

Gregorio Leon

 

Editions "Les escales noires"

 

 

Frida K., c'est, bien entendu, Frida Kahlo, dont un portrait orne la couverture.

Sans "tuer" le suspens, son ultime secret serait un autoportrait (elle en a fait un certain nombre, tous remarquables) dédié à "Trotski, sang neuf dans mes veines".

 

70 ans plus tard, une détective privée est à la recherche de cette œuvre non répertoriée, à Mexico, alors que l'affrontement est proche entre l'Eglise catholique romaine et les adeptes de la "Santa Muerte", "la Vierge des oubliés", qualifiée également  "Vierge des délinquants", dont le symbole est tatoué sur le sein gauche des cadavres,  qui s'additionnent,  de stripteaseuses assassinées.

Sur fond de manifestations de contestations des résultats électoraux.

"A Mexico, les seuls qui ne s'inquiètent pas pour leur vie, ce sont les morts".

 

La, brève,  liaison entre Léon et Frida semble avérée. L'auteur la situe en 1940, alors qu'elle semble avoir eu lieu en 1938. Vengeance du fait de la liaison de Diego avec Cristina, la sœur de Frida ? Que Frida se venge,  ou joue le jeu de la séduction, le vieux révolutionnaire était réellement sous le charme puisqu'il a écrit plein de lettres d'amour à Frida, dignes d'un collégien,  allant jusqu'à "s'enfuir" pour la rejoindre. Frida l'avait surnommé "le petit vieux", ce qui pouvait être moqueur...ou tendre puisque "le vieux" était effectivement son surnom.

 

Le mariage "de l'éléphant et de la colombe" ne survivra pas à ces péripéties. Fin 1939, Diego demande le divorce. "Il ne veut plus de cette situation maritale ni du poids écrasant que représentent Frida, sa jalousie, sa souffrance, cette fragilité d'enfant blessée qui l'a jadis ému." ("Diego et Frida" de J.M.G. Le Clézio ; Folio n° 2746)

 

Raison de déception pour les partisans de la IVe Internationale ? Levier de chantage de la part des Staliniens ? Incitation d'une complicité de Diego dans l'assassinat de Trotski ?  Trotski n'habitait plus à "la maison bleue" depuis longtemps quand il a été assassiné en août 1940...

Diego était intervenu personnellement, de façon décisive, auprès du Président Cardenas pour que le proscrit puisse trouver asile au Mexique. Il s'était fâché avec le leader de la IVe Internationale parce celui-ci refusait de lui donner des responsabilités au sein de l'organisation. Rien ne prouve qu'il ait été réellement affecté par la liaison de Trotski avec Frida...ni même qu'il l'ait sue, puisqu'il ne vivait plus avec Frida.

 

  "La relation amoureuse et sexuelle entre cet homme qui a fait triompher la révolution (sic !) et cette artiste unique que fut Frida a été le germe de ce roman" (Gregorio Leon).

 

Sans oublier le Mexique d'aujourd'hui...

08:38 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

13/11/2012

une vie de militantisme

La force d'une conviction

 

Nicole Péry

 

Collection privée

 

 

La loi sur la parité aux élections restera dans l'Histoire de notre pays, au crédit du gouvernement de Lionel Jospin. On se souvient moins du nom de la Secrétaire d'Etat qui a "porté" cette loi au Parlement : Nicole Péry, élue socialiste de la côte basque.

 

J'ai rencontré Nicole Péry pour la première fois en 1981. Après l'élection de François Mitterrand et la victoire socialiste aux législatives, une "nouvelle vague" est arrivée au Parlement européen. Dont Nicole Péry, touchante petite prof de collège de province, animée d'une puissante volonté de travail. Assez rapidement elle a demandé à mon épouse de devenir son assistante.

 

Orpheline de mère très jeune, un peu traumatisée de laisser sa famille à Ciboure chaque semaine, elle éprouvait probablement le besoin de retrouver une atmosphère familiale au milieu de nos trois enfants, après les journées de travail partagées avec son assistante.

Sa carrière a pris un nouvel élan en 1984 quand Lionel Jospin en a fait la numéro 2 de sa liste aux élections européennes. Elle évoque dans ses souvenirs notre descente dans une mine de Lens. Elle y a gagné une lampe de mineur, moi un morceau de charbon fossilisé... Dans la foulée elle est devenue vice-présidente du Parlement européen, toujours réélue à ce poste, jusqu'à son élection à l'Assemblée nationale en 1997.

 

Très rapidement Lionel Jospin a souhaité l'intégrer dans son gouvernement, d'abord responsable de la formation professionnelle, un des plus importants budgets gouvernemental. Elle a fait notablement progresser la "Validation des acquis de l'expérience", essentielle pour celles et ceux qui ne sortent pas de l'université. A cela s'est ajouté, quelques mois plus tard,  les Droits des femmes. C'est en lui rendant visite  à son ministère qu'elle m'a présenté "l'énarque de son cabinet", Anne Hidalgo, qui n'était pas encore élue parisienne.

 

Nicole est un modèle de "méritocratie" républicaine. Famille modeste, prix d'excellence à répétition, militantisme passionné, du travail sur les dossiers, le goût des relations humaines,  avec des centaines, sinon des milliers de réunions.

 

A 59 ans elle a décidé de ne plus être candidate à rien et de s'occuper prioritairement de ses petits enfants.

 

Dans son livre de souvenirs, elle parle de sa famille, de son pays basque et de son militantisme local à Ciboure et Bayonne, du Parlement européen,  des personnalités qu'elle y a rencontrées en tant que vice-présidente, des missions effectuées à ce titre. La description de son travail de Secrétaire d'Etat permet de mieux comprendre les difficultés de la machine gouvernementale.

 

En conclusion,  elle affirme sa conviction actuelle : "J'ai confiance en François Hollande et en Jean-Marc Ayrault. Ils sauront gouverner notre pays avec compétence, volonté politique et dans un souci de justice."

08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

10/11/2012

A l'hopital

Bon rétablissement

 

Marie-Sabine Roger

 

Editions du Rouergue

 

 

Le nom de Marie-Sabine Roger ne vous dit peut-être rien. Si je vous dis "La tête en friche", cela doit vous évoquer un film touchant,  plein d'humanité, avec une vieille dame en fin de vie qui initie un Gérard Depardieu un peu frustre, "la tête en friche", à la lecture de beaux textes.

 

Ce nouveau roman met en scène un vieil ours bourru, veuf sans enfant, à la limite de la misogynie, hospitalisé à la suite d'un accident. Il y passe "des nuits longues comme des cours de philo", et "les journées commencent tôt, ce qui laisse du temps pour déprimer,  ensuite."

Bien entendu, il en ressortira humanisé.

 

Marie-Sabine Roger a le sens de la formule.

 

"Retraite : marche que fait une armée pour s'éloigner de l'ennemi après un combat désavantageux, ou pour abandonner un pays où elle ne peut plus se maintenir"

 

"La plupart des femmes n'ont pas besoin de nous : un ballotin de chocolats leur suffit amplement à remplacer l'orgasme"

 

"Le joug du quotidien, qui maintient l'attelage, empêche de se séparer, peut-être également de se casser la gueule".

 

"Un zeste de respect ne nuit pas aux rapports, qu'ils soient humains ou de police".

 

"J'ai des souvenirs, à mon âge, c'est plus sûr qu'avoir des ambitions".

 

"Les illusions n'existent que pour être perdues"

 

"La gratitude naît de l'humanité que les gens vous témoignent, rarement de leur excellence"

 

"L'espoir fait surtout vivre ceux qui en tirent profit"

 

"La pudeur s'accroît avec l'âge, l'étendue de ses ravages et de ses ramollissements."

 

"Une maladresse qui vient du cœur se pardonne plus volontiers qu'un silence confortable"

 

"Pour ceux qui sont bornés, la bêtise est sans bornes"

 

"Pépé a eu le baptême comme on a ses vaccins"

 

"Je n'aime rien chez le missionnaire, hormis, bien sûr, la position"

 

08:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

06/11/2012

le deuxième tome de "tu mourras moins bête", encore meilleur !

Tu mourras moins bête (2)

 

Marion Montaigne

 

Editions Ankama

 

 

A propos du tome 1 j'écrivais "pourvu  que le tome 2 soit aussi bon".

Il est encore meilleur !

 

A partir  de son blog (tumourrasmoinsbete.blogspot.com), Marion Montaigne publie des planches de vulgarisation médicales et scientifiques, toujours aussi drôles.

 

Je n'ai pas vraiment de formation scientifique, mais j'ai l'impression de comprendre : "le suicide des cellules", le "système immunitaire", "comment le corps traque les virus ?" etc.

Pour votre enfant, ou petit enfant qui étudient ces sujets en classe ?

Il y a même du sexe : "comment baiser comme une bête ?". Mais quelle bête ? L'araignée, la baudroie, la puce ?

Une trentaine de petites explications pédagogiques toutes plus drôles les unes que les autres.

 

"Tu mourras moins bête...mais tu mourras quand même !"...et avec le sourire !

 

 

 

08:29 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd