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30/12/2007

Des armes pour Khartoum

Des armes pour Khartoum SAS n°63 Gérard De Villiers Le titre pourrait laisser croire qu ' il s ' agit d ' un livre d ' actualité : malgré l ' embargo décrété par l ' ONU, Khartoum continue à recevoir des armes (en particulier en provenance de Chine) pour combattre les rebelles du Darfour.

En fait, il s ' agit de la réédition d ' un livre de 1981.

C ' est l ' histoire d ' un agent de la CIA assassiné par des rebelles tchadiens. L ' épouse d ' un autre agent américain est enlevée. La rançon est une livraison d ' armes aux rebelles. SAS est envoyé en renfort. Les rebelles reçoivent leurs armes et l ' otage est libérée.

Allusion au soutien donné par les Américains aux rebelles du Sud Soudan, qui avaient le double avantage, aux yeux de Washington, d ' être dans une zone pétrolière et d ' être chrétiens ?

L ' explication se trouve plus surement dans la dédicace : ce livre est écrit "en souvenir du Commandant Pierre Galopin, sacrifié à la raison d ' Etat".

Rappel  :

En avril 1974 le rebelle tchadien Hissen Habré enlève l ' universitaire, ethnologue,  Françoise Claustre. Celle-ci faisait-elle des "heures supplémentaires" au profit des services français de renseignements ? Certains l ' affirment.

En juillet, le capitaine Galopin, agent des services français,  est envoyé sur place pour négocier la libération de Françoise Claustre, contre la livraison d ' armes...qui n ' arrivent pas. Galopin est torturé par les rebelles.

En avril 1975, les armes n ' étant toujours pas livrées, Galopin est pendu par les rebelles. Hissen Habré l ' achève d ' un coup de pistolet dans la tête. Le chantage pèse sur Françoise Claustre. Les armes sont livrées. En janvier 1977 Françoise Claustre est libérée, sans l ' aide de SAS, Hissen Habré prend le pouvoir à N ' djamena et devient un des dictateurs les plus sanglants d ' Afrique, qui en a pourtant connus un certain nombre.

C ' est à la lumière de ces évènement, et en les ayant en tête,  que ce roman doit être lu.

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26/12/2007

Mémoires de porc-épic

Mémoires de porc-épic Alain Mabanckou

Editions du Seuil

 

Je vous parle du prix Renaudot de l ' année dernière, plutôt que celui de cette année, que je n ' ai pas encore lu : comme ça vous pourrez le trouver moins cher, et il est toujours aussi bon...

L ' avantage d ' un prix littéraire prestigieux, c ' est que l ' auteur fait le tour des médias, ce qui  peut inciter un public plus large à le découvrir.

Mabanckou avait manqué de peu le Renaudot l ' année précédente pour son "Verre cassé" dont je vous ai parlé. Ces "mémoires de porc-épic" se veulent en être la continuation.

Avec la même verve et la même ironie (qui, je le rappelle, me font penser au regretté Frédéric Dard), ce livre est un "conte" africain : chacun d ' entre nous a un double animal (le "totem" des scouts). Ce porc-épic est le "double" d ' un meurtrier. Il utilise ses piquants pour se débarrasser des gens qui gênent son maître.

Il parait que les fantasmes de meurtres sont assez fréquents, et pas seulement en Afrique...

 

Extraits :

"Leur estomac était aussi profond que le puits de leur ignorance".

"La modestie est parfois un handicap qui vous empêche d ' exister, pour s ' accepter comme on est, il vaut mieux minimiser le répertoire de ses défauts"

"Nous ne croyons le mal que quand il est venu"

"J ' ai appris des hommes le sens de la digression. Ils ne vont jamais droit au but, ouvrent des parenthèses qu ' ils oublient de refermer."

"La parole délivre de la peur de la mort"

"Si vous voyez un sourd courir, ne vous posez pas de questions, suivez-le, car il n ' a pas entendu le danger, il l ' a vu !"

"Si tu veux que Dieu se marre, raconte-lui tes projets"

"A force d ' espérer une condition meilleure, le crapaud s ' est retrouvé sans queue pour l ' éternité"

"Ce n ' est pas parce que la mouche vole que cela fera d ' elle un oiseau" (c ' est peut-être méchant, mais ça me fait penser à un candidat à la mairie d ' Aire)

Et enfin, cette phrase qui me laisse rêveur :

"Seul le vieux sage peut entendre le criquet éjaculer".

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25/12/2007

Les enfants des limbes

Les enfants des limbes

 

 

Morts nés et parents dans l'Europe chrétienne

 

 

Jacques Gélis

 

 

Editions Audibert

 

 

 

Quelle période plus appropriée que celle de Noël pour parler de naissance ?

 

Mais aussi de ce drame si fréquent encore aujourd ' hui dans le monde, et qui se déroulait si fréquemment,  même en Europe, il y a peu : l ' enfant mort à la naissance ?

 

 

A ce drame, l ' Eglise catholique y ajoutait un autre, plus terrifiant encore, puisqu ' il concernait la vie éternelle : l ' enfant mort avant d ' être baptisé était condamné à errer éternellement dans les "limbes". "Son âme était vouée aux souffrances éternelles, puisqu ' elle était privée de la vision de Dieu". Surtout à partir du Concile de Trente, en 1547, qui déclare : "les enfants n ' ont aucun autre moyen de salut que le baptême", en se basant sur Saint Jean : "Personne, à moins de naître de l ' eau et de l ' Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu". L ' enfant n ' avait pas le droit d ' être enterré en terre consacrée, avec les autres chrétiens, avec sa famille. "Seuls les enfants baptisés figurent sur le registre paroissial". Ce n ' est que depuis 2002 que les enfants morts à la naissance peuvent être inscrits sur le livret de famille, marquant "la volonté d ' inscrire le fruit du couple, même s ' il n ' a pas vécu, dans une lignée".

 

"La simultanéité d ' une vie attendue et de la mort advenue plonge les parents dans l ' intolérable et l ' impensable". La culpabilisation n ' est jamais loin.

 

"On se résignait à la mort physique, mais non à la mort spirituelle".

 

 

"Dans une société de plus en plus fortement encadrée par la religion", désespérés, les parents, aidés de toute la famille,  priaient alors Dieu, généralement en demandant l ' intercession d ' un(e) Saint(e) ou de la Vierge, elle qui avait enfanté. Ils exposaient l ' enfant dans un sanctuaire, pour demander sa résurrection, juste le temps d ' un "répit", qu ' il puisse être baptisé et lavé du péché originel.

 

 

 

Ce rite avait également l ' avantage d ' aider les parents à "faire leur deuil" de l ' enfant attendu et disparu dès sa venue au monde. "Faire pèlerinage, c ' est également faire pénitence".

 

La "ligne de crête" entre la vie et la mort a longtemps été incertaine, "dans une société où les frontières entre ce qui est de l ' ordre de la nature et ce qui relève du surnaturel sont souvent floues".

 

 

Tout cela se déroulait essentiellement dans le contexte particulier des XVIIe et XVIIIe siècles (même si on signale le premier cas dès le XIIe siècle...et les derniers au début du XXe siècle) : le protestantisme qui dénonçait les superstitions,  s ' appuyait sur la parole du Christ : "Laissez venir à moi les petits enfants, le Royaume des Cieux leur appartient", considérait qu ' il appartenait à la volonté divine de décider du salut éternel, face à la "contre réforme" catholique qui voulait montrer la supériorité de la "vraie foi",  "afin que nul n ' ignore ce que Dieu peut réaliser", en soulignant le rôle miraculeux de la Vierge. "Les miracles sont au centre de la reconquête catholique".

 

"Conceptions différentes de la manière d ' être au monde et autre relation à Dieu".

 

Les "sanctuaires à répit" se multiplient à la lisière des pays gagnés au protestantisme.

 

"Malheureusement, l ' exposition et le répit sont devenus des pratiques lucratives", allant à l ' encontre des saintes preuves qu ' elles devaient apporter, entraînant leur interdiction à la fin du XVIIIe siècle.

 

 

 

 Jacques Gélis, avec qui j ' ai milité au début des années 70,  et qui a bien voulu faire de moi un ami,  est un spécialiste de l ' histoire de la naissance, auteur de "L ' arbre et le fruit, histoire de la naissance dans l ' Occident moderne". Il  s ' est livré à une véritable enquête historique qui montre comment des générations de parents ont fait face à la douleur de la perte de leur enfant.

 

 

Cet été, un entrefilet du journal Le Monde nous a appris que le Vatican avait décidé que les "limbes" n ' existaient pas. Avant de devenir Pape, le cardinal Ratzinger avait déclaré : "les limbes n ' ont jamais été une vérité de foi". Depuis le milieu du XIXe siècle, l ' Eglise ne s ' opposait plus à l ' inhumation chrétienne des enfants morts sans baptême.

 

 Tous ces parents se sont inquiétés pour rien du salut éternel de l ' âme de leur enfant mort à la naissance, tous ces enfants ont été temporairement "ressuscités" pour rien...

 

  Mais "le rituel devant la Vierge miraculeuse constituait un exutoire psychique. Quel est aujourd ' hui le rite qui apaise ?" On pense à la phrase de Marx : "la religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, elle est le cœur d ' un monde sans cœur..."

 

"Devenue rare, la mort périnatale apparaît de plus en plus inacceptable". "Le travail de deuil ne peut s ' apaiser que lorsqu ' un sens est donné à la perte".

 

 

"L ' enfant mort né tend à l ' homme un miroir. Cet être au destin brutalement interrompu interpelle chacun sur ce qu ' est l ' espace d ' une vie, sur ce qu ' est la vie."

 

 

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23/12/2007

Réglez lui son compte (San-Antonio)

Réglez lui son compte

 

 

San-Antonio

 

 

Editions Fleuve noir

 

 

Les éditions "fleuve noir" qui ont bercé mon adolescence, ont eu l'excellente idée de republier le premier San-Antonio, écrit par Frédéric Dard en 1949, qui se trouve être l'année de ma naissance (pas de commentaires, merci).

 

Les voitures roulent, quand elles sont "poussées à fond",  à la vitesse hallucinante de 120km/heure, en particulier la "traction avant" du célèbre commissaire !

 

C'est l'après guerre,  et les tickets de rationnement ne sont pas loin dans la mémoire collective.

 

Les mœurs sont retenues : prendre la main de sa voisine est d'une audace folle, on fantasme sur des "baisers mouillés",  dans le cou, et le reste n'est envisagé que dans le cadre du mariage.

 

San-Antonio a alors 38 ans, âge qu'il conservera tout au long des 175 romans consacrés à ses aventures, écrits par le père, et sur la fin par le fils.

 

Dans la vie réelle, s'il avait continué à fumer et surtout à boire comme dans ce premier roman, il aurait fait une mauvaise fin...

 

Probablement qu'à l'époque,  il était obligatoire de fumer et de boire comme un alcoolique pour être un homme, un vrai...

 

Il n'a pas encore de comparses, pas de Béru, pas de Pinuche et il se met dans des situations indignes du coefficient intellectuel qu'il s'attribue, mais c'est pour mieux s'en sortir avec brio.

 

Les femmes sont des séductrices qu'il séduit, car, bien entendu il est irrésistible avec les femmes,  comme face aux criminels les plus endurcis (comme Bob Morane !).

 

Ce sont toutes des traitresses, sauf une, sans compter sans maman. Elle a toutes les qualités, encore plus que sa maman...

 

Comme souvent dans les San-Antonio, l'intrigue est secondaire, seule compte l'action...et la verve !

 

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15/12/2007

Bob Morane...et Henri Vernes vivent encore !

Bob Morane

 

 

Henri Vernes

 

 

Editions Le Lombard

 

 

 

Henri Vernes (rien à voir avec Jules), qui a dépassé les 80 ans, a eu droit récemment à la pleine dernière page de Libération.

 

J'ai alors réalisé que l'aîné de mes petits enfants a maintenant l'âge que j'avais quand je lisais, au début des années 60,  les aventures du "commandant" Bob Morane, éditées par Marabout, en petit format, sur un papier de qualité médiocre.

 

Auteur prolixe et imaginatif, Henri Vernes a aujourd'hui 200 romans d'aventures de Bob Morane à son actif. Une soixantaine a été adaptée, sous la responsabilité directe de l'auteur, en Bandes dessinées, par Coria, dont le trait est précis et les couleurs irréprochables, dans la grande tradition de la BD belge,  et éditée, en grand format, avec du papier et une reliure de qualité,  par Le Lombard.

 

L'époque étant à la nostalgie, j'ai profité des fêtes de fin d'année pour y jeter un œil, avant que l'album ne se retrouve au pied du sapin,  sous la chaussure de l'heureux destinataire.

 

Le héros est toujours irrésistible, en particulier avec les femmes qui sont d'une beauté fatale, alliées et/ou traitresses en puissance. Il se met dans des situations impossibles dont il se sort, plus conquérant que jamais. De quoi faire rêver les adolescents...

 

 

Malgré les nombreux "clichés", j'avoue avoir trouvé un certain plaisir (adolescent ?) à la lecture de l'album "Le Président ne mourra pas" qui raconte l'histoire d'un complot pour tuer le Président des Etats-Unis. Complot qui échouera grâce à l'action de Bob Morane, of course ! Si la route des Kennedy avait croisée celle de Bob Morane...

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