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25/08/2007

Les piliers de la terre

Les piliers de la terre

 

 

Ken Follet

 

 

Livre de poche n°4305

 

 

 

1135/1174, Sud de l'Angleterre.

 

 

Jack aime Aliéna et Aliéna aime Jack. Mais Jack et Aliéna sont trop pauvres pour se marier. De plus, Aliéna a promis à son père, sur son lit de mort, de veiller sur son jeune frère, Richard, qui a besoin d'un équipement, qui coûte cher, pour devenir chevalier.

 

Aliéna doit-elle accepter la proposition de mariage d'Alfred, le maître maçon et demi-frère de Jack ?

 

Et puis il y a également les amours tragiques de Tom, le maître bâtisseur,  avec Agnès puis avec Ellen.

 

Il y a les méchants, qui le sont vraiment, et les héros qui ont toutes les qualités, comme cet Abbé Gwynedd, Gallois comme l'auteur, ce qui rend les aventures un peu prévisibles...

 

C'est Bérénice ou "les feux de l'amour" selon vos références.

 

 

Heureusement il n'y a pas que cela dans ce roman historique de Ken Follet, célèbre principalement pour ses "thrillers" : il y a la vie quotidienne des pauvres, des nobles, des moines, les filles qui ne vont pas à l'école, même si ce sont les femmes qui prennent le quotidien en charge, surtout quand les hommes se font la guerre où partent aux croisades !

 

 

Il y a la lutte pour le pouvoir entre Maud (Mathilde), fille d'Henri 1er et son cousin Stephen (Etienne), car on ne va quand même pas laisser le pouvoir à une femme...et l'émergence d'Henri "Plantagenêt", fils de Maud et donc arrière petit-fils de Guillaume "le conquérant" (ou "le bâtard" si vous ne l'aimez pas), Normand donc par sa mère et Angevin par son père, marié à Aliénor d'Aquitaine qui apporte une sacrée corbeille de mariage qui lui permet de s'imposer en Angleterre. Contrairement à ce que j'ai lu dans "l'Histoire de France pour les nuls", et comme le raconte "les piliers de la terre", Henry n'est devenu Roi qu'après son mariage avec Aliénor. Deux de leurs enfants resteront dans l'Histoire : Richard "cœur de lion" et Jean "sans terre".

 

 

En bonus dans le roman : le meurtre de Thomas Beckett, archevêque de Canterbury, un peu trop rebelle à son Roi, et la pénitence d'Henry II. Mais je ne suis pas aussi optimiste que Follet quand il écrit : " le pouvoir d'un Roi n'était pas absolu : la volonté du peuple était la plus forte !". En fait le peuple n'avait, malheureusement,  rien à dire à l'époque. C'est devant la puissance de l'Eglise, et de son pouvoir politique,  qu'Henry s'est incliné.

 

 

Mais la vraie vedette de l'histoire est La Cathédrale, qui doit être parfaite, dans le moindre détail,  puisqu'elle est destinée à Dieu et qu'elle doit durer jusqu'au "jugement dernier", en respectant les proportions "cœur de la beauté". Cathédrale qui profite de la rencontre à Tolède de savants mathématiciens qui traduisent de l'arabe les travaux d'Euclide,  et de l'exemple de Saint Denis qui a créé ce que l'on appelle pas encore dans ce temps là,  le "gothique" mais le "style français" et qui allie deux techniques complètement nouvelles : les voutes à nervures et les arcs ovales,  qui font que le poids ne repose plus sur les murs mais sur les piliers (d'où le titre !). Cela permet d'avoir des murs moins épais et des fenêtres plus grandes que l'on peut colorier (par exemple en rosaces) ce qui donne une lumière inhabituelle.

 

  

 

09:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4)

Les mots perdus du Kalahari

Les mots perdus du Kalahari

 

 

Titre anglais : "L'école de dactylographie pour hommes du Kalahari"

 

 

Alexander McCall Smith

 

 

10/18 n°3718

 

 

Mma Ramotswe, Directrice de "l'Agence n°1 des dames détectives du Botswana", c'est l'anti SAS : tout dans la douceur, le calme, la réflexion.

 

Comme lui fait dire l'auteur : " Les femmes se révèlent plus douées pour tout ce qui réclame une attention particulière aux sentiments d'autrui. Elles cherchent à comprendre ce qui se passe dans la tête des gens."

 

L'auteur est un homme assez singulier : Ecossais né au Zimbabwe où il a longtemps vécu, professeur de "Droit appliqué à la médecine", membre du "Comité de bioéthique de l'UNESCO", rédacteur du Code pénal du Botswana, dont il parle avec tendresse dans ses romans policiers où les enquêtes de Mma Ramotswe ne sont que des prétextes à une vision humaniste de la vie qui passe ("la vie toute entière se résume à une bataille contre l'usure").

 

Une lecture reposante qui fait aimer les êtres humains.

 

 

Si vous ne connaissez pas encore, le premier de la série a pour titre : "Mma Ramotswe détective" et porte le n°3573 chez 10/18, donc en format de poche.

 

 

09:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

21/08/2007

Dictionnaire égoïste de la littérature française (citations)

Messages personnels

 

 

"Ceci s'adresse à vous, esprits du dernier ordre,

 

Qui n'étant bons à rien, cherchez surtout à mordre" (Jean de La Fontaine)

 

 

"La raison pourquoi les sots réussissent ordinairement dans leurs entreprises, c'est que, ne sachant et ne voyant jamais quand ils sont importuns, ils ne s'arrêtent jamais" (Montesquieu, à rapprocher d'Audiard : "les cons osent tout, c'est même à ça qu'on les reconnait !")

 

 

"Tout grand homme a son disciple, et c'est généralement Judas qui écrit sa biographie" (Oscar Wilde)

 

 

"Il ne faut pas déraciner les imbéciles" (Barrès)

 

 

"Les méchants ne sont pas les forts (Pierre Drieu la Rochelle)

 

 

"Il suffit, pour faire tomber la fourberie, de la montrer. Ce n'est pas poli, mais c'est le seul moyen" (Charles Dantzig)

 

08:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (18)

20/08/2007

Le parachutage

Le parachutage

 

 

Norbert Zongo

 

 

Editions L'Harmattan,

 

Collection "écrire l'Afrique"

 

 

Norbert Zongo était journaliste. Il a été assassiné en 1998, et son meurtre a fait vaciller le régime burkinabé car le frère du Président semble bien y avoir été impliqué. L'opposition avait même réussi à s'unir pour réclamer, en vain,  la vérité et la justice.

 

Il n'aura probablement pas été surpris de tomber sous les balles des tueurs puisqu'il soulignait "le caractère suicidaire, de toute opposition, de toute contestation", en Afrique car "tuer qui vous gêne est une loi de la politique" (en France le meurtre reste symbolique...).

 

Sous forme de roman, que L'Harmattan a eu la bonne idée de rééditer, Norbert Zongo a écrit un des meilleurs pamphlets politiques, sur l'Afrique. Ses réflexions dépassent largement le cadre de ce continent.

 

 

Dans un pays imaginaire, mais qui s'inspire, malheureusement de nombreux Etats africains, un coup d'Etat est traîtreusement orchestré pour renverser un "Père fondateur de la Nation", mis en place par les ex colonisateurs et "viré" par eux, parce que l'on a plus besoin de lui pour "contenir la horde communiste" et truquer les élections ("il va falloir prendre les mêmes mesures qu'à l'arrivée des Parlementaires européens...").

 

Le "Guide éclairé" parvient à s'enfuir, redécouvre la vraie vie de son peuple, la solidarité des petites gens, et la traitrise de ses ex "frères" puissants.

 

 

Citations extraites du livre, qui est un roman,  et se lit comme un roman :

 

"Le 747 prit son envol comme un énorme vautour qui venait d'assister aux funérailles d'un éléphant"

 

"L'âge d'un homme digne de ce nom ne devrait pas se calculer en années, mais en services rendus"

 

"La vie, la vraie vie, c'est celle du soir de l'existence humaine. Car une heure de souffrance balaie aisément un siècle de bonheur"

 

"Un arabe suit la voie du prophète à dos de chameau ou d'âne, mais pas en luxueuse Mercedes ou en Cadillac blindée"

 

"Il fallait prévoir que les Arabes préfèreraient déverser leur trop plein de pétrodollars en Occident que d'aider l'Afrique à sortir de sa misère"

 

"En Afrique, les bourgeois, ce sont ceux qui sont passés de l'âne à la Mercedes"

 

"Le Noir peut vendre sa natte le matin parce qu'il ne pense pas qu'il fera nuit le soir" (Jules Ferry, grand adepte de la colonisation)

 

"A chaque coucher de soleil, des peuples africains se demandent comment les trouvera le prochain matin, car la gestion de leur destin passe sans ménagement d'une main à une autre, par le biais d'une simple musique, une simple fanfare, et l'affairisme, la corruption et le vol s'épanouissent."

 

"Un régime militaire est un coup d'Etat en puissance"

 

"Je ne connais pas ennemi plus mortel du peuple qu'un tribaliste doublé d'un affairiste"

 

Sur la politique en général :

 

"Dès lors que vous gérez le destin des autres, votre propre destin vous échappe"

 

"La plus grave erreur qu'un homme puisse faire de nos jours, c'est de ne pas comprendre les préoccupations de la société, c'est à dire d'ignorer les mouvements de l'Histoire"

 

Et cette phrase qui rappellera quelqu'une à mes ami(e)s airois :

 

"La guêpe fait un nid qui ressemble à un rayon de miel, pourtant elle ne sait que piquer"

 

 

09:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4)

17/08/2007

Gérard Jaquet, de Léon Blum à François Mitterrand

Gérard Jaquet

 

 

De Léon Blum à François Mitterrand

 

 

Editions Bruno Leprince

 

Collection "mémoire(s) du socialisme"

 

 

 

J'ai connu Gérard Jaquet au Parlement européen dont il était vice-président de 1979 à 1984, en même temps que Président de la Délégation française au sein du Groupe socialiste. Je lui dois, pour beaucoup, d'avoir quitté la SNCF, où je travaillais en 3X8 dans un poste de régulation des trains,  pour  entrer au secrétariat des socialistes européens.

 

 

Gérard est né en 1916, comme François Mitterrand, et comme mon père.

 

Quand je suis arrivé au Parlement européen certains députés avaient donc l'âge de mon père. J'en vois aujourd'hui qui ont l'âge de mes filles...

 

 

Gérard a toujours été socialiste, même pendant la guerre, de façon clandestine et donc dangereuse.

 

Plus proche de Daniel Mayer que de Guy Mollet, il a joué un grand rôle pour faire évoluer la SFIO et donc dans l'accession de François Mitterrand à la tête d'un PS rénové.

 

Il constate que le PS s'est éloigné du marxisme et même des théories de Blum : "il n'est plus guère question de conquête du pouvoir aboutissant à une transformation révolutionnaire de la société", "le socialisme actuel vient à la suite de tous les courants réformateurs qui ont traversé notre société au cours du XIXe siècle". Même si Blum reste son modèle, surtout quand il disait : "chaque fois que je me trouve devant un problème difficile, je me pose la question : qu'aurait fait Jaurès à la place où je suis ?".

 

 

Sur la guerre l'Algérie, il prend la défense de Guy Mollet, dont il était le ministre de l'information, et de son "Garde des sceaux, ministre de la Justice", François Mitterrand, et il éclaire la crise créée par le détournement de l'avion transportant Ben Bella, donnant une explication que je n'ai jamais lue ailleurs : Guy Mollet avait engagé avec le FLN algérien des négociations secrètes,  devant aboutir à des élections libres en Algérie. C'est Max Lejeune, qui n'était pas au courant des négociations secrètes, qui a pris la décision de faire détourner l'avion qui transportait Ben Bella, faisant capoter ainsi un espoir de paix. François Mitterrand, qui lui était dans la confidence,  n'avait aucune raisons de démissionner du gouvernement, ce que beaucoup lui ont reproché par la suite.

 

 

Gérard a toujours été européen, proche de François Mitterrand sur ce terrain.

 

Face à la mondialisation, il considère que "c'est par l'entente et la réconciliation entre toutes les Nations du monde que nous connaîtrons la paix".

 

 

Comme il est écrit dans l'avant propos, Gérard Jaquet a toujours été un homme réservé, pondéré, bienveillant, au sourire parfois ironique, sans méchanceté, mais avec cette distance que donne l'expérience.

 

C'est avec émotion que j'ai lu ce petit livre dans lequel il évoque des ami(e)s commun(e)s encore vivant(e)s, comme lui,  ou trop tôt disparu(e)s.

 

08:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (5)