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16/12/2010

Le Négus

Le Négus

 

Ryszard Kapuscinski

 

Editions Flammarion

 

 

Réédition d'un des premiers succès de Kapuscinski, journaliste polonais, aujourd'hui décédé, longtemps en poste en Afrique.

 

Ethiopie, 1975 : c'est la chute vertigineuse du "Négus", le "Roi des Rois", descendant autoproclamé du roi Salomon et de la reine de Sabah.

Kapuscinski cherche à comprendre et interroge des survivants du palais impérial, qu'il met en avant, en excellent metteur en scène.

Témoignage après témoignage se dessine un régime arbitraire, absurde, "vivant dans un autre temps".

La question n'est plus : "pourquoi l'empereur a-t-il été renversé ?",  Mais "pourquoi n'a-t-il pas été détrôné plus tôt ?"  

 

 

"L'empereur commençait la journée par l'audition des délations"

 

"Sa bienveillante Majesté ne se laissait jamais guider par le principe de compétence, elle ne se fiait qu'au principe de loyauté"

 

"Sa Magnanime Altesse préférait les mauvais ministres, pour la bonne raison que Sa Majesté aimait paraître à son avantage"

 

"L'Empereur a besoin de gens qui ont beaucoup à perdre"

 

"Avec sa surface silencieuse, immobile, polie, le marbre exprimait le rêve de Sa Vénérable Majesté d'être entourée d'immobilité, de silence, de lustre et de régularité. Pour l'éternité de Son Auguste Personne"

 

"Plus la fin approchait, plus la rapacité et l'irrépressible voracité s'intensifiaient"

 

"Notre Empire consacrait 1% de son budget à l'agriculture, alors qu'il en affectait 40% à l'armée et à la police"

 

"Plus la soumission a été longue et le silence pesant, plus la réaction est agressive et violente"

08:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, afrique

27/10/2010

Gaza 1956...et aujourd'hui

Gaza 1956

 

En marge de l'Histoire

 

Joe Sacco

 

Editions Futuropolis

 

 

1956 : pour les Français, cela évoque Guy Mollet chef du gouvernement, et l'expédition commune avec les Britanniques,  et les Israéliens, sur le canal de Suez, puis le repli piteux sur ordre des Américains.

 

En marge de cette opération militaire, lors de la retraite de l'armée israélienne, dans la bande de Gaza, en particulier dans le camp de réfugiés, naufragés de la guerre de 1948,  de Khan Younis et à Rafah,  plusieurs centaines de palestiniens (275 selon les observateurs de l'ONU que l'armée israélienne empêchait de se déplacer)  sont massacrés, certains éléments de l'armée israélienne,  ouvrant le feu sur la foule, ou fusillant les hommes rassemblés dans un stade, alors que les combats avaient cessé.

 

Joe Sacco nous amène, par des dessins très sombres, dans la bande de Gaza  d'aujourd'hui,  surpeuplée et sans ressources, à la recherche des souvenirs de ce drame qui résume,  trop bien,  le drame palestinien car "ces tragédies contiennent  les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les évènements du présent", alors que se poursuivent les destructions massives de maisons palestiniennes.

 

Un livre engagé, comme peut l'être le témoignage sincère d'un artiste, et le travail de recherche d'un historien, "pour ceux qui veulent comprendre pourquoi et comment la haine a été plantée dans les cœurs".

 

 

10:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bd, histoire

30/09/2010

les Templiers

Les templiers

Légendes et Histoire

 

Thierry Leroy

 

Editions "Imago"

 

 

 

L'auteur, qui prépare sa thèse sur les premières implantations templières en France, a déjà écrit un livre sur le fondateur de l'ordre du Temple, Hugues de Payns.

 

Il rappelle les grandes lignes de l'Histoire de l'ordre, depuis sa fondation, au début du XIIe siècle,  jusqu'à sa destruction par Philippe le Bel, deux siècles plus tard.

 

Pourquoi tant de légendes autour des Templiers ?

Parce qu'il s'agit du premier ordre monastique combattant, non seulement par la prière, mais aussi par l'épée.

Ils avaient pour "père spirituel" Bernard de Clairvaux qui considérait que l'on peut tuer son ennemi si celui-ci est l'ennemi de la foi car cela rapproche de Dieu (les islamistes n'ont rien inventé...), mais Bernard insistait également sur l'importance de l'érudition.

Ces moines soldats étaient des combattants d'élite. Des milliers d'entre eux sont morts sur les champs de bataille.

Ils étaient un lien entre l'Orient, mystérieux,  et l'Occident.

Ils avaient des rites initiatiques, plus ou moins secrets, et donc là encore mystérieux.

Ils étaient immensément riches, avaient des milliers de propriétés agricoles dégageant des bénéfices, les puissants leur confiaient leur argent, ils étaient officiellement les trésoriers du Pape,  et pourtant leurs caisses étaient vides au moment de l'interdiction de l'ordre.

Ils sont morts en martyrs par la volonté du roi de France et la lâcheté du Pape.

 

 

Il évoque quelques hypothèses émises par des romanciers concernant les Templiers et surtout leur trésor, démolissant allègrement, en historien, la plupart d'entre elles :

Les Templiers n'ont jamais été accusés d'hérésie.

Aucune accusation de collusion avec l'Islam ne figure dans les procès-verbaux du procès. Aucune preuve n'a été trouvée concernant un lien entre les Templiers et la secte musulmane des Assassins.

Le seul point commun avec les Cathares est d'avoir été persécutés par un roi de France ("Saint" Louis pour les Cathares, Philippe le Bel pour les Templiers).

Les Templiers utilisaient un langage symbolique, comme l'ensemble de la société médiévale, et en particulier l'Eglise.

Le christianisme teinté de croyances païennes ancestrales n'est pas l'exclusivité des Templiers, surtout au Moyen-âge.

Les mystères de Rennes-le-Château sont des fables inventées par un ingénieux hôtelier local.

Les groupes qui déclarent être les héritiers spirituels des Templiers basent leurs théories sur des fables.

L'absence quasi totale de sources fiables et de documents écrits a laissé le champ libre à des traditions orales déformées et amplifiées.

08:48 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

17/06/2010

Méditerranée

Histoire de la Méditerranée

 

John Julius Norwich

 

Editions Perrin

 

 

Carrefour de trois continents, la Méditerranée a une histoire agitée.

 

L'auteur est un spécialiste de Venise. Cela se sent, et j'ai ai appris un peu plus sur cette République, et ses possessions méditerranéenne (Corfou, Crète,  Chypre...).

 

Toute l'Histoire de la Méditerranée en 750 pages, cela implique, obligatoirement, de nombreux raccourcis arbitraires. Ce qui parait essentiel pour l'auteur, ne l'est pas toujours pour chacun d'entre nous.

 

Ce livre est une succession de batailles, maritimes ou terrestres. Rien ne nous est épargné de l'âge des capitaines, mais les grandes tendances sont plus difficiles à discerner.

 

Personne n'est obligé de se rattacher à l'école historique des "Annales", mais j'ignorais que l'on pouvait encore raconter l'Histoire de cette façon, trop évènementielle à mon goût...

 

 

"J'ai aimé la droiture et haï l'injustice ; c'est pourquoi je meurs en exil" (Grégoire VII, Pape, 1085)

 

"Toute la croisade n'avait été qu'un monstrueux exercice d'hypocrisie : les motivations religieuses n'avaient servi de prétexte qu'à cacher un impérialisme sans vergogne"

 

  "Les croisés de la quatrième croisade détruisirent le seul puissant bastion chrétien, la seule barrière de l'Europe contre la vague musulmane" ; "Jamais dans l'Histoire on avait détruit tant de beauté, tant d'art en si peu de temps"

 

"La sainteté va rarement de pair avec l'intelligence" (à propos de Saint Louis)

 

"Les Vénitiens et les Génois étaient comme les doigts de la main avec le Sultan : ils faisaient commerce de tout"

 

"Chez les Templiers, non seulement la sodomie était permise, mais elle était activement encouragée. Les enfants légitimes qui en résultaient..." (Sic ! ??? si quelqu'un(e) peut m'expliquer comment des enfants peuvent naître de la sodomie ?...)

 

"Lord Byron ne mourut pas en vain. Il avait attiré l'attention de l'Europe sur le combat des révolutionnaires grecs. La guerre d'indépendance grecque fut tout sauf romantique, marquée par une cruauté, une violence et une barbarie d'une ampleur inégalée depuis plusieurs siècles".

 

"Dans le cœur des dictateurs, la gratitude n'est pas le sentiment le plus fréquent"

 

08:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

14/02/2010

Putain de guerre

Putain de guerre

1917-1918-1919

Tardi et Verney

Editions Casterman

 

Deuxième tome de Tardi et Verney sur la première guerre mondiale.

Avec, pour illustrer le texte de l’historien Jean-Pierre Verney,  des photos du « musée de la grande guerre de Meaux ».

Un album essentiellement en noir et blanc, avec, par moments,  du rouge, à la fin un peu plus de couleurs, et le graphisme implacable de Jacques Tardi.

C’est 1917, la lassitude, les refus de monter en première ligne qui sont qualifiés de « mutineries » et conduisent souvent au peloton d’exécution.

Sept mois de boucherie pour aller de Craonne au « chemin des dames », et l’envoi à Limoges de Nivelle, « limogé ».

Notre allié russe qui cesse les combats après la révolution bolchévique.

L’arrivée, à partir de juin, des Américains, par bateaux entiers. La dernière grande offensive allemande, avec des canons à longue portée,  avant d’être surpassés.

A partir de septembre 1918, l’avancée des alliés sur tous les fronts.

Et enfin,  à la onzième heure du onzième jour du onzième mois, l’armistice, la fin de la guerre.

Une bonne idée de ne pas s’arrêter là : la grippe « espagnole » qui fait des ravages, les « gueules cassées », l’inventeur, allemand, des gaz de triste mémoire dans les tranchées,  qui reçoit le prix Nobel de chimie...

« Les cloches et les chants patriotiques, les farandoles et les pitreries, ne se justifient pas plus après quatre ans de guerre que les chansons grivoises à la fin des repas d’enterrement. »

Paul Valéry peut écrire : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ».

08:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, histoire, bd