19/06/2010
Au coeur de l'Afrique du Sud
A cœur de ce pays
J.M. Coetzee
Points P 1846
L’Afrique du Sud est un des rares pays à compter deux prix Nobel de littérature : Nadine Gordimer, Nobel en 1991 et J.M. Coetzee en 2003.
Nadine Gordimer, tout en refusant l’étiquette d’écrivain « engagé » n’a cessé de dénoncer les injustices du régime de l’apartheid, malgré la censure et les menaces.
Coetzee avait reçu deux fois le « Booker Prize », et une fois le « Fémina », entre autres, avant de recevoir le Nobel.
Dans « Disgrâce », il avait déjà évoqué le thème de la solitude dans le « Veld ».
« Au cœur de ce pays », l’’Afrique du Sud, il y a donc le « Veld » où les colons anglais victorieux ont refoulé les « Boers afrikaners», « cette île coupée de l’espace et du temps ». « On peut aussi bien être prisonnier d’un grand espace que d’un petit ».
Un désert de solitude où « la vieille mademoiselle » perd sa vie et la raison, au fil de journées « vertigineusement vides de tout dessein », avec des rêves de meurtres et de viols « seules les pierres ne désirent rien » : « Nos vies sont vides, aussi vides que le désert que nous habitons ».
Un auteur, homme, peut-il se mettre dans la peau d’une femme pour écrire à la première personne ?
Très littéraire, bien loin de la « planète foot », c’est aussi cela l’Afrique du Sud…
« Je sens sur ma peau les baumes d’un corps amoureux »
« Je voudrais être comme les autres femmes que la vie submerge comme un fleuve paisible »
« A l’aiguillon du désir, nous n’avons qu’une réponse : capturer, enclore, tenir »
« L’esclave perd tout dans ses chaînes, même le désir de leur échapper »
11:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
17/06/2010
Méditerranée
Histoire de la Méditerranée
John Julius Norwich
Editions Perrin
Carrefour de trois continents, la Méditerranée a une histoire agitée.
L'auteur est un spécialiste de Venise. Cela se sent, et j'ai ai appris un peu plus sur cette République, et ses possessions méditerranéenne (Corfou, Crète, Chypre...).
Toute l'Histoire de la Méditerranée en 750 pages, cela implique, obligatoirement, de nombreux raccourcis arbitraires. Ce qui parait essentiel pour l'auteur, ne l'est pas toujours pour chacun d'entre nous.
Ce livre est une succession de batailles, maritimes ou terrestres. Rien ne nous est épargné de l'âge des capitaines, mais les grandes tendances sont plus difficiles à discerner.
Personne n'est obligé de se rattacher à l'école historique des "Annales", mais j'ignorais que l'on pouvait encore raconter l'Histoire de cette façon, trop évènementielle à mon goût...
"J'ai aimé la droiture et haï l'injustice ; c'est pourquoi je meurs en exil" (Grégoire VII, Pape, 1085)
"Toute la croisade n'avait été qu'un monstrueux exercice d'hypocrisie : les motivations religieuses n'avaient servi de prétexte qu'à cacher un impérialisme sans vergogne"
"Les croisés de la quatrième croisade détruisirent le seul puissant bastion chrétien, la seule barrière de l'Europe contre la vague musulmane" ; "Jamais dans l'Histoire on avait détruit tant de beauté, tant d'art en si peu de temps"
"La sainteté va rarement de pair avec l'intelligence" (à propos de Saint Louis)
"Les Vénitiens et les Génois étaient comme les doigts de la main avec le Sultan : ils faisaient commerce de tout"
"Chez les Templiers, non seulement la sodomie était permise, mais elle était activement encouragée. Les enfants légitimes qui en résultaient..." (Sic ! ??? si quelqu'un(e) peut m'expliquer comment des enfants peuvent naître de la sodomie ?...)
"Lord Byron ne mourut pas en vain. Il avait attiré l'attention de l'Europe sur le combat des révolutionnaires grecs. La guerre d'indépendance grecque fut tout sauf romantique, marquée par une cruauté, une violence et une barbarie d'une ampleur inégalée depuis plusieurs siècles".
"Dans le cœur des dictateurs, la gratitude n'est pas le sentiment le plus fréquent"
08:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
16/06/2010
Happy Girls
Happy Girls
Zep
Delcourt
Comme beaucoup de pères, et de grands pères, j’ai lu sans déplaisir les albums de « Titeuf » que j’offrais à mes petits.
J’ai bien aimé « Happy Sex », réservé aux adultes, et j’en ai parlé dans ce blog.
Même si le trait est le même, ce « Happy girls » n’est malheureusement pas de la même veine.
Malgré quelques gags, j’ai trouvé déprimante cette histoire d’adolescent qui cherche désespérément une « copine » et qui se ramasse à chaque tentative. Et il y en a presque 50 pages comme ça…
Pour adolescents ?
08:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
15/06/2010
les "secrets" d'un présidentiable
DSK
Les secrets d'un présidentiable
Cassandre
Editions Plon
Je n'aime pas les livres anonymes, passe encore pour les romanciers, mais surtout pas quand ils parlent de femmes et d'hommes publics.
Cassandre se présente comme membre du premier cercle des ami(e)s de DSK, "lassée de tout ce cynisme", journaliste un peu informé(e), car de secrets, il n'y en a guère ?
Un(e) membre de l'équipe de Stéphane Fouks, à qui ce livre est dédié ?
La seule chose que je ne savais pas, mais qui ne doit pas être un secret d'Etat, est que le petit Dominique a vécu le tremblement de terre d'Agadir, qu'il aurait pu mourir dans l'effondrement de l'immeuble où il vivait avec ses parents, si toute la famille n'avait pas été opportunément invitée à l'extérieur ce soir là. D'où la réaction rapide et forte du FMI après le tremblement de terre en Haïti.
Tout ce qui est dit sur les relations de DSK avec les femmes, et la façon dont les spécialistes de communication ont géré la crise après la révélation de son aventure extra conjugale avec la directrice Afrique du FMI avait déjà été raconté.
Ce qui me laisse interrogateur sur le sérieux de ce livre, c'est quand j'y lis que Percheron est Sénateur du Nord, et Serge Janquin Président du Conseil régional (je crois bien qu'il n'en a même jamais été membre), qu'il est le "patron" de la fédération du Pas-de-Calais, (ce qui n'est plus vrai depuis le dernier congrès, justement parce qu'il n'était pas le "patron"), et qu'il n'a "aucun atome crochu avec Dominique" alors que je sais qu'ils déjeunaient régulièrement ensemble.
Reste la grande question, qui est la raison d'être de ce livre : sera-t-il candidat ? "Plus que des analyses, les journalistes adorent les supputations filandreuses". Quand on est le patron du FMI, très bien payé, même si Dominique n'a pas de problème d'argent, que l'on rencontre les Présidents et Premiers ministres du monde entier, à leur demande, quand, depuis son enfance, on sillonne l'Europe, l'Afrique, les Amériques, et que l'on aime cela, a-t-on envie de laisser tout cela pour une entreprise aléatoire ?
Il faudrait que les sondages ne laissent aucun doute sur le résultat.
"Il en rêve mais son pire cauchemar serait de se planter"
Il "a fait tout ce qu'il aime : voyager, réfléchir...et surtout séduire".
"Sans ambition, pas d'élection", comme disait Jospin".
"DSK a toutes les qualités d'un homme d'Etat : ambitieux, manipulateur, menteur pathologique et coureur de jupons. Il est supérieurement intelligent"
"Un blog assaisonné à la langue de bois est un blog mort"
"Son pouvoir de séduction prouve sa puissance, son audace, et son sens de l'opportunité"
"Tout l'art de la communication politique est de monter en épingle une info en gommant habilement les autres."
08:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, dsk
12/06/2010
Intrusion
Intrusion
Elena Sender
XO Editions
Si nous pouvions effacer, de façon sélective, des bouts de notre mémoire, comme nous le faisons pour la mémoire de notre téléphone…
Journaliste au magazine « Sciences et Avenir », spécialiste du cerveau et des émotions, Elena Sender a imaginé le personnage d’une brillante neuropsychiatre, adepte de la pensée positive. (« Exprimer sa gratitude est la stratégie par excellence pour atteindre le bonheur. La gratitude est l’antidote des affects négatifs. Elle neutralise l’envie, l’avarice, l’hostilité, l’anxiété et l’irritation »)
Ses aventures nous entraînent à sa suite à Paris, en particulier dans un hôpital psychiatrique, en Thaïlande, à Bangkok où manifestent alors les chemises jaunes, et sur un îlot à quelques encablures de Ko Tao, où je suis certain de n’avoir vu aucun hôpital, mais il est vrai que c’était il y a presque dix ans, et enfin au pied du Pic Saint Loup.
Expérimentations médicales dangereuses, pour la gloire et pour l’argent, il ne manque que le docteur Bruno Sachs pour se retrouver dans un roman de Martin Winckler. John Le Carré a également écrit sur ce thème (La patience du jardinier). Il avait situé son action en Afrique et non en Asie.
L’institution psychiatrique n’en sort pas grandie non plus. (« Assommer les patients de neuroleptiques pour avoir la paix »)
Quand on a voulu effacer des éléments de sa mémoire, il est dangereux de voir resurgir des personnages de ce passé que l’on a souhaité oublier…
« On ne naît pas égaux par rapport à cette capacité neuronale à être heureux »
« Le cynisme étant valorisé dans la société, la difficulté est de ne pas retomber dans les travers du stress, l’hyperactivité, la compétition, l’envie… »
« Les souvenirs ne s’effacent jamais, ce sont les circuits qui mènent à eux qui s’affaiblissent »
08:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature